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Renouer avec le capitalisme populaire : la FDJ

RCF,  - Modifié le 7 novembre 2019
​A partir d’aujourd’hui, et pour deux semaines, les Français vont pouvoir souscrire des actions de la Française des Jeux…
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Depuis des mois, le ministre de l'économie, Bruno Le Maire martèle qu’il veut « renouer avec le capitalisme populaire», dans l’esprit des grandes privatisations des gouvernements de Jacques Chirac entre 1986 et 1988, Édouard Balladur entre 1993 et 1995, et Alain Juppé entre 1995 et 1997.

Le but est de ramener les Français vers la Bourse, qu'ils ont désertée après les crises financières de 2000 et 2008 et la déconfiture des titres France Telecom puis EDF, qui restent au-dessous de leur cours d’introduction. Résultat, les particuliers actionnaires, 3 millions, sont désormais trois fois moins nombreux qu’au tournant du siècle.

L’opération peut-elle réussir ?

Comme l’explique dans La Croix de ce matin notre spécialiste, Jean-Claude Bourbon, le gouvernement ne prend à priori pas beaucoup de risques. L’héritière de la Loterie nationale fait partie du patrimoine : un Français sur deux en est client. La FDJ ne risque pas de disparaître du jour au lendemain puisqu’elle dispose d’un monopole sur 80% de son activité : les jeux de tirage et de grattage, et la vente de paris sportifs en réseau physique. Et son capital est verrouillé par l’État, qui conservera 20 % des parts.

De plus, le secteur est en croissance, dopé notamment par les jeux en ligne et les paris sportifs qui font plus que compenser la progression un peu moins forte que par le passé des jeux de tirage comme le loto. La FDJ, c’est aussi une société de services informatiques qui se développe beaucoup à l’étranger, en vendant des plateformes clés en main ou des jeux. Et puis, il y a la cerise sur le gâteau…

Comme ses prédécesseurs, le gouvernement a promis aux particuliers une action gratuite pour dix achetées, à condition de les conserver pendant au moins 18 mois, ainsi qu’une décote de 2 % par rapport au prix payé par les investisseurs institutionnels. La France est l'un des seuls pays, avec la Belgique, à proposer ce type de dispositif.
De son côté, la Française des jeux s’est engagée à mener une politique de dividende « attractive », qui représentera 80 % de ses bénéfices. C’est d’autant plus intéressant qu’avec des taux d’intérêt proches de zéro, les placements obligataires sans risque qui sont le support de 80% des assurances vie, ne rapportent plus rien. S’ils veulent du rendement, les épargnants n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers les actions.
 

Mais acheter des actions FDJ, est-ce bien moral ?

C’est la question que nous nous posons dans le numéro de demain de La Croix Hebdo, notre nouveau fin de semaine. Effectivement, miser sur le modèle d’une entreprise qui “joue sur le jeu”, au détriment de la valeur du travail, chère aux chrétiens, n’est pas très moral.

D’autant qu’une entreprise privatisée doit avant tout chercher à développer son chiffre d’affaires. Or plus les joueurs sont poussés à dépenser dans des jeux de hasard, plus ils courent le risque d’en être dépendants. 5% des joueurs, soit un peu plus d’1,2 millions de personnes sont considérés comme « problématiques ». Ils représentent 40% des mises.
Le gouvernement souligne qu’il a pris les moyens d’y faire face, avec la création d’une autorité de régulation aux pouvoirs renforcés. Et notamment des pouvoirs de sanction. Ce ne serait pas une première : en 2014, la FDJ avait prestement retiré de la vente le jeu Rapido, car il avait accru l’addiction des parieurs.
 

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