Pour la première fois, un candidat de l’opposition est élu. Et le président sortant, Joseph Kabila, même s’il a mis deux ans pour cela, s’est retiré sans violences du pouvoir. L’annonce de la victoire de Félix Tshisekedi, par la commission électorale, pourrait mettre à mal ces avancées. L’autre candidat de l’opposition, arrivé deuxième, Martin Fayulu, parle de putsch électoral. Le décompte organisé par la Conférence épiscopale le donne gagnant.
"Ce n’est un secret pour personne que l’Eglise catholique, en l’absence d’Etat congolais fort et structuré, et d’observateurs internationaux, est le grand corps au Congo qui a déployé 40.000 observateurs dans le pays. À mon sens, ce sont eux qui sont crédibles et qui au début sans le dire, et puis petit à petit, ont fait fuité le nom de Martin Fayulu, qui serait le vrai vainqueur de l’élection. Ce qui se dit beaucoup, et c’est ce qui est probable, c’est qu’il y a eu un deal entre Felix Tshisekedi et Joseph Kabila, pour accéder au pouvoir en échange d’une amnistie par rapport à ses actes passés" explique Michel Galy, professeur de géopolitique à l’institut des relations internationales de Paris.
"C’est vraiment un retournement extraordinaire. Le fait est que la population est excédée du régime Kabila qui a successivement truqué les élections et qui depuis deux ans aurait dû quitter le pouvoir. Le candidat de Kabila a fait un score dérisoire. Kabila a donc dû changer de cheval au milieu du gué et de s’appuyer sur Felix Tshisekedi qui lui semble peut être de meilleur composition que Fayulu" ajoute-t-il.
"Il y a deux voies. La voie légale devant le Conseil constitutionnel. Mais on sait ce que sont les recours juridiques en Afrique. Mais il peut s’appuyer quand même sur des puissances institutionnelles et générationnelles. Il y a d’un côté la très puissante Eglise catholique qui a lutté pendant des dizaines d’années pour la démocratisation du pays et des élections libres et d’un autre côté la jeunesse, une force en voie de se structurer, et qui a une grande autorité morale" précise Michel Gali.
"Oui. Ce n’est pas l’Eglise qui va mener la contestation violente mais ils peuvent manifester dans la rue, les jeunes aussi. Et il y a toujours un tiers dans ce genre de situation, les forces armées, dont on ne sait de quel côté elles vont se porter" conclut ce spécialiste de la RDC.
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