Cent-dix-huit salariés et des centaines de bénévoles laïcs exercent des responsabilités dans l'Eglise Catholique de Haute-Savoie. Avec eux : des prêtres, de moins en moins nombreux, des religieux et des diacres. Alors comment articuler les responsabilités, pour vivre la mission ensemble ? C'est le thème d'une réflexion cette année dans le diocèse d'Annecy. Des témoins nous en parlent, sans langue de bois.
Prendre une décision : ce n'est pas un problème
Madeleine Gantelet est membre de l'Equipe d'Animation Pastorale de la paroisse Saint-Jean aux Portes d'Annecy, une paroisse sans curé : "Au sein de l'EAP, la prise de décision n'est pas problématique. Nous discernons ensemble. Il faut savoir laisser sa place à l'Esprit Saint, aussi, pour nous éclairer ! La charge est partagée, j'ai vraiment l'impression que nous faisons communion, communauté. Cette expérience de responsabilité nourrit ma foi. Pour moi, l'engagement est vraiment constitutif de l'être chrétien".
Nous avons appris de nos erreurs
Daniel Pignal-Jacquard a été aumônier, puis responsable de la pastorale de la santé et aujourd'hui responsable d'Accueil Ecoute Chablais. Il est devenu diacre en 2015 : "En trente ans de mission, l'Eglise m'a appris à faire un projet pastoral, à relire nos pratiques, à appeler et constituer des équipes. Parfois, malgré un discernement partagé, je n'ai pas pris les bonnes décisions ! Mais, nous avons appris de nos erreurs. L'engagement et la responsabilité, puis l'appel au diaconat m'ont fait grandir, personnellement et en couple".
Une conversion, ça s'accompagne en douceur !
Le Père Vincent Grillet est l'un des 23 prêtres diocésains de moins de 75 ans. Curé d'une paroisse, modérateur d'une autre, il incite les communautés à discerner ensemble des projets missionnaires : "Notre but commun, c'est la mission de l'Eglise : annoncer le Royaume à tous. Il ne s'agit pas de remplir un organigramme, de faire tourner la structure. Dans la manière dont on arrive à travailler ensemble, prêtres et laïcs, il faut accepter que tous les prêtres ne sont pas encore au même niveau. Comme les laïcs ne sont pas tous à la même maturation personnelle, spirituelle, ou intérieure. Une conversion, ça s'accompagne en douceur ! Bien sûr, j'aimerais parfois que ça aille plus vite. Mais il faut prendre soin de toutes les personnes, en essayant d'avancer ensemble".
Allons plus loin que la question du manque de prêtres !
Céline Sola, laïque, est adjointe au service de formation du diocèse d'Annecy : "Bien sûr, la baisse du nombre de prêtres oblige à se poser la question du partage de la responsabilité. Mais s'interroger ensemble sur les responsabilités plurielles permet de dépasser cette question du manque. Cela nous permet de réfléchir à la mission, à la vocation baptismale, aux notions d'appel et de charisme, à la place des femmes, à de nouveaux Ministères... Ce sont des sujets riches et passionnants, qui constituent l'avenir de notre Eglise !"
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