Après le coup de massue du rapport de la CIASE sur la pédocriminalité dans l'Eglise, beaucoup de catholiques ont perdu confiance en l'institution. Quel sens a l'engagement en Eglise, aujourd'hui? Réponse de laïcs, d'un diacre et d'un prêtre de Haute-Savoie.
"Coup de massue, colère, honte": les mots ne manquent pas, pour qualifier les sentiments des catholiques après la publication du rapport de la Commission Indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise. "Je crois que les paroissiens sont plus en colère contre l'institution qui a laissé faire, que contre les abuseurs" analyse Catherine Pelisson, déléguée pastorale à Viuz-en-Salaz. Comme la moitié des paroisses du diocèse d'Annecy, sa communauté a organisé un temps de rencontre, autour du rapport. "Suite à la publication du rapport, des victimes osent enfin dire ce qu'elles ont vécu. Par contre, quand je visite des personnes non-croyantes, on ne m'interpelle pas sur cette actualité" analyse Blandine Feugier, aumônier au Centre Hospitalier Alpes Léman, et responsable de la Pastorale de la Santé du Diocèse d'Annecy.
Equipes d'animation des paroisses, catéchistes ou membres des services diocésains, diacres, prêtres : malgré la colère, les catholiques engagés choisissent massivement de poursuivre leur mission. "L'Eglise est ma famille. Je ne vais pas quitter le navire dans la tempête!" résume Bernard Satin, notamment membre de l'équipe Servir la Fraternité du diocèse d'Annecy. La fraternité, le partage de joies du quotidien et de la Joie de croire, le soutien de la communauté dans les épreuves, l'attention au plus fragile : autant de souvenirs et de faits vécus au quotidien, qui aident à rester à la barre. "Et puis maintenant, au moins, on a des chiffres ! Cela va permettre plus de rationnel" lance le Père Louis Aegerter, curé de la paroisse d'Evian. "Je vis depuis trente-cinq ans mon ministère dans ce climat de suspicion généralisée. C'est lourd! Maintenant, on sait que 3% des prêtres sont abuseurs. Et donc que 97% ne le sont pas".
Un engagement qui n'est pas pour autant un chèque en blanc, signé à l'institution. "Il faut que les décisions des Evêques de France soient suivies de faits" souligne Bernard Satin. "Chaque catholique a aussi son rôle à jouer. Nous devons tous être attentifs, travailler à éradiquer les abus de pouvoirs, les abus spirituels et les abus sexuels" ajoute Blandine Feugier. Pour aider à voir la lumière au bout du tunnel : le synode sur la synodalité, lancé par le Pape François. Une réflexion sur le fonctionnement de l'Eglise, à laquelle les catholiques du monde entier sont invités à contribuer. "Une Eglise qui s'ouvre", "une Eglise moins normative" une "Eglise joyeuse", "une Eglise qui se recentre sur la Parole" : c'est l'institution que nos témoins appellent de leurs voeux. Un désir pour lequel ils se retroussent les manches. "Je rêve d'une Eglise où ce ne sont pas deux ou trois qui décident pour la communauté. Alors je vais tout faire pour motiver les paroissiens à participer au synode!" conclut la déléguée pastorale.
Autres témoins de cette émission : Jean-François Point, diacre; Marie-Pascale Saubiez, aumônier de prison et membre du Conseil Episcopal; William Rogazi, co-référent d'une colocation de jeunes catholiques.
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