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Réveiller ou enterrer Schengen ?

RCF,  - Modifié le 8 juin 2018
La libre circulation des personnes est l’un des piliers de l’Union européenne, et pourtant, cette liberté pourrait disparaitre si les responsables européens ne se réveillent pas.
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La libre circulation des personnes pourrait en effet mourir à petits feux, si les dirigeants européens ne réforment pas la politique d’asile commune ! La libre circulation des citoyens au sein de l’Union européenne s’articule en pratique autour de ce que l’on appelle le code Schengen : absence de frontières permanentes en contrepartie d’une confiance mutuelle sur le contrôle. C’est le transfert d’un élément de souveraineté nationale, à un partenaire européen, notamment ceux situés aux frontières extérieures de l’Union. Ce code permet d’ailleurs le rétablissement temporaire des contrôles notamment en cas d’événement exceptionnel, la Coupe du monde de football par exemple, avec ses masses de supporters, ou encore des flux migratoires incontrôlés…

Mais ces frontières doivent être limitées dans le temps, elles sont temporaires. Or, on observe que le provisoire est en voie de devenir permanent. En effet, c’est la contrepartie de l’absence de réforme d’un autre dossier brûlant le règlement dit de Dublin. Plusieurs fois révisée, cette loi européenne impose au premier pays d’arrivée la responsabilité de l’accueil et de la gestion des demandeurs d’asile. Si ces flux de population arrivent par la mer ou la terre, les pays responsables sont victimes de leur géographie. Cela fait porter le poids sur les seules épaules grecques, chypriotes, italiennes ou des Etats aux frontières des Balkans…  

Et justement ce texte dit de Dublin doit être révisé par les ministres européens qui ont des positions irréconciliables. Les pays du Sud souhaitent une répartition de la charge et de la responsabilité : une fois enregistrés et reconnus, où envoyer ces personnes ?  Les pays du Nord et de l’Est de l’Europe ne veulent pas en entendre parler et poussent au maintien des règles actuelles. Vous vous souvenez de la politique de quota des demandeurs d’asile proposée par la Commission européenne ?  Elle semble bel et bien enterrée faute de bonne volonté les égoïsmes nationaux. Chaque ministre de l’intérieur appelle à un changement des règles lorsqu’il passe au journal télévisé du 20h mais en réalité il n’y a aucune convergence.

A 27 décideurs nous n’arriverons à rien. Chaque ministre de l’intérieur montre ses muscles mais ne propose rien une fois à Bruxelles. Et encore, lorsqu’ils viennent…  Alors oui, une sortie de crise par le haut existe : en montrant l’exemple. Que quelques Etats prennent l’initiative d’une politique conjointe. Merkel s’est déclarée favorable à une Agence européenne des demandeurs d’asile proposée par Emmanuel Macron. Que Berlin et Paris créent cette dynamique et articulent une stratégie de long terme : 2 Etats, qui seront rapidement rejoints car les autres ne pourront pas assumer le retour des frontières. Il n’est pas encore trop tard pour agir !
 

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