Lundi matin, Pierre Person, le délégué général adjoint du mouvement – le numéro 2 de La Rem, après Stanislas Guerini – a annoncé qu’il démissionnait de ses fonctions. Pierre Person estime en effet que le parti des progressistes ne progresse plus du tout, qu’il est incapable de « produire des idées neuves » et qu’il a besoin d’un « nouveau souffle ». Pour créer « l’électrochoc » nécessaire, il a invité ses cadres à quitter, comme lui, les instances dirigeantes de la maison. En bloc. Certes, il n’y a eu que trois départs en tout, il faut relativiser. Tous les partis connaissent des hauts et des bas, et La République en marche en verra certainement bien d’autres. Si elle survit à cette nouvelle crise, au cours de laquelle Pierre Person met le doigt là où ça fait mal.
En 2017, En Marche avait réussi à mobiliser des militants en nombre pour conduire sa « grande marche », une espèce de porte-à-porte géant qui avait permis au parti de prendre le pouls du pays. Emmanuel Macron s’en était inspiré pour construire son programme, plutôt en phase, à l’époque, avec les préoccupations des Français. Après sa victoire à la présidentielle, le mouvement a pu revendiquer jusqu’à 420 000 adhérents – un chiffre énorme – 420 000 personnes auxquelles En Marche promettait de faire de la politique autrement, en les écoutant, en les associant au débat démocratique.
Trois ans après, force est de constater que le compte n’y est plus. Plus du tout même. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Le fonctionnement de La République en marche se voulait horizontal et participatif, il s’est avéré vertical et classique, sous surveillance du Président de la République. Très « ancien monde », en fait, comme les autres partis. Ses 420 000 adhérents, gagnés en deux clics dans les années d’euphorie, sont restés virtuels, et une bonne partie des vrais militants du début, déçus pour certains, ont rapidement pris leurs distances.
En manque de bras pour occuper le terrain, coller des affiches et porter la bonne parole en période de campagne, En Marche ne fait plus recette aujourd’hui. Dimanche dernier, six élections législatives partielles étaient organisées (dans le Maine-et-Loire, le Haut-Rhin, les Yvelines, le Val-de-Marne, la Seine-Maritime et La Réunion). Aucun des six candidats La République en Marche n’est parvenu à se qualifier pour le second tour. Aucun. Dimanche prochain, ce sera les sénatoriales dans 63 départements ou territoires d’Outre-mer. Le parti, qui a complètement raté ses élections municipales, perdra forcément des sièges au Sénat. Et il sait déjà qu’il ne parviendra pas à présenter des candidats dans tous les cantons pour les élections départementales, l’an prochain.
Les perspectives sont si mauvaises que La République en marche a été obligée de revoir sa stratégie. Le mouvement ne peut plus aller seul aux régionales de 2021, ni refaire campagne pour la présidentielle de 2022 sans ses alliés du Modem et d’Agir. Cette logique est déjà à l’œuvre à l’Assemblée, où La REM n’a plus la majorité absolue. Une partie des marcheurs redoute que le mouvement, à force de compromis et de réorientations, n’y perde définitivement son âme des débuts. D’où les crispations en cours.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !