La goélette est un bateau qui mesure 30 mètres de long dont la spécificité est son équipage. Pas de pêcheurs mais bien des scientifiques qui essayent de comprendre l’origine de la pollution plastique des océans. De véritables ilots de déchets sont découverts un peu partout dans les océans, les mers ou les fleuves. Mais la plupart de ces déchets nocifs pour les écosystèmes marins "sont tous très petits, de la taille d’un grain de riz" explique Romain Troublé.
Celui est aussi le directeur général de la fondation Tara qui œuvre depuis plus de 10 ans pour la protection de l’environnement marin explique que son travail consiste à plutôt "essayer d’arrêter la fuite" de ces plastiques nocifs.
L’une des vraies problématiques de la fondation et de sa goélette est la question des nano-plastiques. Des particules, qui proviennent de nos vêtements par exemple, si fines qu’elles "interagissent énormément avec la vie marine". Si bien que "les algues, dans la mer, se filent dessus. À la fin ses micros-plastiques sont confondus par ces organismes petits mais aussi par les gros" souligne Romain Troublé. C'est-à-dire que les animaux marins croient que ces plastiques sont en réalité de la nourriture pour eux. "Les tortures prennent ça pour des méduses par exemple."
Ces particules de plastique se retrouvent ainsi à tous les étages de la chaîne alimentaire et donc ils peuvent potentiellement finir dans nos assiettes. La principale question est de savoir "notre santé est mise en danger par ces pollutions plastiques" concède le directeur de la fondation.
Le nettoyage de ces micros plastiques est d’autant plus complexe, qu’à l’inverse des gros, "nettoyer tous ces micro-plastiques on va nettoyer aussi tout l’écosystème microscopique marin qui sont si importants pour la chaîne alimentaire" prévient-il. La priorité est de s’intéresser au flux de plastique. "On estime que l’Europe déverse, en mer, 600.000 tonnes de plastique par an". L’objectif est de savoir comment empêcher que ces plastiques atterrissent, in fine, dans la mer. "Ce problème de plastique en mer va se régler à terre dans notre quotidien, dans l’éducation de nos enfants, dans notre comportement". conclut Romain Troublé.
Romain Troublé estime que "la priorité […] là où il faut investir c’est d’essayer de comprendre via la recherche et ensuite investir là où on est sur qu’il y aura un impact sur le long terme". La lutte contre le déversement de ces déchets dans les océans passe avant tout par essayer d’apporter des réponses à leur fragmentation.
Les pouvoirs publics, l’Union européenne en premier lieu, font de la lutte contre la pollution marine l’une des priorités aujourd’hui. Par exemple, dès le 1er janvier 2020, les touillettes ou encore les cotons-tiges en plastique seront interdits au sein de l'Union. Une "très bonne nouvelle".
"Mais surtout c’est de donner une valeur à un déchet pour qu’on le recycle et qu’on le réutilise plusieurs fois plutôt que de le prendre quelques jours, de l’utiliser et de le jeter". L’enjeu à court terme c’est avant tout les emballages. Ce sont les plus présents et les plus nocifs pour l’écosystème marin. Ils représentent "40 à 50% des plastiques au niveau mondial" explique Romain Troublé.
Quelques gestes simples comme bien trier ses déchets peuvent permettre de réduire leur impact sur les océans. Plusieurs lois vont être votées dans ce sens au cours de l’année en France. Dans le monde, les déchets plastiques seront l’un des grands thèmes du G20 qui se déroulera à Osaka ,au Japon, en juin.
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