Cette semaine s'est tenu le 4e tour des négociations sur les termes de la sortie définitive du Royaume-Uni de l’Union européenne. On avait presque fini par l’oublier mais le Brexit suit son cours, malgré l’arrêt des négociations du fait de la crise sanitaire, malgré le fait que les deux équipes de négociations ont été affecté par le Covid-19 et que Boris Johnson lui-même a dû être hospitalisé. Malgré également un scandale qui a touché l’éminence grise de Boris Johnson, Dominic Cummings, qui a enfreint les règles du confinement britannique alors même qu’il se savait malade du Covid-19.
Le Brexit suit son cours. Et rien ne semble l’arrêter. Si bien qu’un "hard" Brexit, c’est-à-dire un Brexit sans accord, devient une hypothèse de plus en plus crédible. Car, si le Royaume-Uni n’est plus officiellement membre de l’Union européenne, il bénéficie néanmoins d’un régime transitoire lui permettant de garder un accès au marché européen – contre participation au budget européen et respect des règles européennes, of course.
On aurait pu logiquement penser que la crise sanitaire sans précédent dont l’Europe sort et la profonde récession économique dans laquelle elle entre allaient quelque peu adoucir les positions du gouvernement britannique. Il semblait raisonnable d’espérer que celui-ci demande à prolonger la période transitoire de négociation. Le Royaume-Uni a, en théorie, jusqu’au 1er juillet pour en faire la demande. Or, il semble qu’au contraire, les conservateurs britanniques soient tentés d’utiliser la dépression économique liée à la crise sanitaire pour masquer à l’opinion publique les effets économiques d’un Brexit dur. Pour le dire autrement, il s’agirait de diluer les effets catastrophiques d’un Brexit dur pour l’économie britannique dans le marasme que cause le Covid-19.
Le risque est clairement d’amplifier les effets de la crise, plutôt que de les diluer. En cas de "hard" Brexit, les entreprises britanniques n’auront plus accès au marché intérieur européen, qui représente aujourd’hui 50% du commerce de biens du Royaume-Uni. L’Europe est bien moins dépendante du marché britannique. Ce qui ne veut pas dire qu’un "hard" Brexit serait sans douleur.
Les négociations achoppent encore sur de nombreux points fondamentaux. Il ne faut pas oublier que ces négociations sont inédites car elles ne cherchent pas à rapprocher deux régimes législatifs, réglementaires ou douaniers mais à déterminer jusqu’où les partenaires peuvent s’éloigner. Or, les positions semblent trop lointaines et les Britanniques semblent surestimer l’intérêt des Européens pour ces négociations, alors même qu’ils doivent se concentrer sur la relance de leur économie. Il est donc peu probable aujourd’hui que nous aboutissions à un accord.
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