​Sacré Mélenchon !

Sacré Mélenchon ! Il a mangé le morceau cette semaine en disant tout haut ce que tant de princes de notre République pensent tout bas… "Ma personne est sacrée" ! "La République, c'est moi !" Cela explique tout : les passe-droits ; les règlements détournés ; le sentiment d'être au-dessus des lois que l'on vote pour les autres… Et, au sommet de toutes les déviations, la corruption passive…

Cherchez l'erreur, ou plutôt les erreurs. "Ma personne est sacrée" ? NON, c'est votre fonction qui est sacrée. Il a fallu le droit romain et le droit canon pour distinguer l'autorité de la fonction et la petite personne qui l'exerce. Comme le disait Maritain, la sainteté de l'Eglise n'est pas celle de son personnel, mais celle de Jésus et Marie. 

Votre fonction est, peut-on dire, sacrée, car elle s'exerce pour le bien commun au nom du peuple. Ce qui est sacré, c'est la République. La République, c'est-à-dire la "chose commune", c'est le bien commun du peuple français et de chaque français.

"La République, c'est moi", complète Mélenchon. Oh la la ! Louis XIV nous voilà : retour au Souverain absolu, au-dessus des lois. Elus et fonctionnaires ; pourvoir exécutif, législatif et judiciaire ; policiers et magistrats, agent de la fonction publique et territoriale : vous avez part à une belle mission de service de la République. Vous êtes l'Etat, nous sommes le peuple pour faire vivre ensemble la République… Merci de votre mission et de votre fonction, en un sens, sacrée. Et voici l'ambition qui peut vous animer : l'exercer dans une certaine sainteté laïque que nous aimons tant.