Samira Djouadi, est déléguée générale de la Fondation TF1, et présidente de Stop Illetrisme, qui regroupe des entreprises qui se mobilisent contre l’illettrisme. Un sujet qu’elle connaît bien pour l’avoir vécu dans sa famille. En arrivant, en France, ses parents, marocains, ne savaient pas lire. "Mes parents ont quitté le Maroc pour vivre une autre vie et donner un eldorado à leurs futurs enfants. Ils sont arrivés en France sans parler la langue française. Ils ont eu des enfants qui sont allés à l’école de la République. Et on a été confronté à des parents illettrés qui ne parlaient pas français, qui ne l’écrivaient pas" explique-t-elle.
Le titre du colloque organisé jeudi par la Fondation ADP au ministère de la Transition écologique et solidaire est : "sortir du tabou". Un tabou qui concerne en premier lieu les personnes illettrées, mais également les chefs d’entreprise confrontés à cette problématique. "C’est une prise de conscience. Beaucoup de responsables, de DRH bien souvent, nous disent qu’ils ne sont pas concernés par ce sujet au premier entretien. Ils nous rappellent finalement et reconnaissent que le sujet n’a jamais été abordé, et qu’ils n’avaient jamais osé en parler. Comme si c’était une honte" ajoute-t-elle.
Pour Samira Djouadi, les entreprises doivent aujourd’hui s’engager pleinement pour combattre l’illettrisme. "On a une responsabilité sociétale. Beaucoup d’entreprises en prennent conscience. Cela rentre dans nos responsabilités RSE, vis-à-vis de nos collaborateurs. On s’occupe des gens qui travaillent chez nous et on en prend bien soin. La relation humaine doit aussi exister dans le milieu de l’entreprise, même si la personne n’a pas le même niveau que moi, le même métier que moi. Je lui dois respect, une bienveillance. Ce n’est que du bon sens" précise Samira Djouadi.
Cette dernière explique que l’objectif est de redonner confiance en soi, de permettre aux gens de progresser. "On a des gens qui font du ménage, et qui deviennent chef d’équipe. Cela fonctionne. Il y a une formation assez longue pour ces gens qui n’ont jamais été à l’école. Ils ont deux fois trois heures par semaine sur le site de l’entreprise, et pendant le temps de travail. C’est un vrai engagement. La formation dure neuf mois" lance la déléguée générale de la Fondation TF1.
Pour les entreprises, cela change tout. "Je vois des collaborateurs qui donnent du sens à leur vie. Quand on remet les diplômes à la fin de l’année, j’ai parfois l’impression que c’est le collaborateur qui a passé le diplôme. Ils contribuent à la réussite de ces personnes" conclut la présidente de Stop Illetrisme.
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