Au cours de cet hommage, Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale, a présenté Samuel Paty comme "un éclaireur de conscience", "assassiné parce qu’il développait l’esprit critique des futurs citoyens". Et il a eu ces mots très justes, que je vous livre : "Lorsqu’est survenue l’effroyable nouvelle, chacun de nous, dans sa mémoire, a vu réapparaître les maîtres et les maîtresses de l’enfance, les professeurs de l’adolescence. Nous sommes nous-même ici parce que des Samuel Paty, partout en France, nous ont instruits, éveillés, nous ont ouvert les horizons infinis de la connaissance. Chacun sait ce qu’il doit à ceux qui lui ont appris".
Il me semble que c’est précisément ce qui fait que cet assassinat ignoble n’est pas un attentat comme les autres. Parce qu’il nous touche au cœur, à l’enfance, à l’intime, il va nous marquer probablement tout autant, si ce n’est plus, que les attentats de Charlie Hebdo, du Bataclan ou de Nice.
Cette tragédie a eu pour effet de faire resurgir une courte lettre, très touchante, rédigée par Albert Camus en 1957, peu après avoir reçu le Prix Nobel de Littérature, pour remercier son ancien instituteur, Louis Germain.
Je ne vais pas vous la lire, j’aimerais plutôt vous citer un extrait de la réponse de Monsieur Germain à Camus, beaucoup moins connue : "Je crois durant toute ma carrière avoir respecté ce qu’il y a de plus sacré dans l’enfant : le droit de chercher sa vérité. Je vous ai tous aimés et crois avoir fait tout mon possible pour ne pas manifester mes idées et peser ainsi sur votre jeune intelligence. Lorsqu’il était question de Dieu, je disais que certains y croyaient, d’autre non. Et que dans la plénitude de ses droits, chacun faisait ce qu’il voulait".
Grand défenseur de la laïcité, qu’il définit si bien ici, le Monsieur Germain de Camus était lui aussi un "éclaireur de conscience". C’est à tous ses "éclaireurs", avec Samuel Paty, que la France doit rendre hommage ce jour. Et c’est tous ceux qui accompagnent nos enfants vers demain que nous devons résolument nous engager à soutenir.
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