Le forfait aux Jeux Olympiques de l’athlète américaine Simone Biles, a levé le voile sur un tabou dans le sport : la santé mentale des sportifs.
Un esprit sain dans un corps sain. Jamais cette citation du poète romain Juvénal n’aura eu autant d’écho que durant les Jeux Olympiques de Tokyo. En témoigne le forfait de l’athlète américaine Simone Biles, le 28 juillet dernier, qui a avoué vouloir préserver sa santé mentale. De quoi lever le voile sur un tabou, la santé psychique des athlètes, soumis à rude épreuve, qu’il s’agisse de leurs entraînements quotidiens ou des compétitions.
Les victoires qui s’enchaînent, les performances qui augmentent. Un programme qui pourrait séduire sur le papier tout sportif de haut-niveau. Pourtant, de plus en plus de compétiteurs avouent être en souffrance malgré les victoires. "Le sport de haut niveau est un chemin à double tranchant. Il peut être salutaire. Et il peut être périlleux. Chaque sportif de haut niveau s’engage dans ce chemin, s’expose physiquement et psychologiquement. Sous couvert de performances, les sportifs ne savent plus ce qui leur fait du bien, car ils grandissent dans une exigence de performance" explique Elise Anckaert, psychologue clinicienne du sport.
Cette dernière ajoute que la performance "requiert un dépassement de ses limites physiques et mentales. Où les choses peuvent se jouer à un fil. On a des outils, des supports pour prévenir les fragilités, pour accompagner. Mais le sportif agit sur son environnement, et son environnement agit sur lui. Et il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte. C’est un travail qui ne s’arrête pas, qui se régule. La performance est fragile, elle est précieuse, et cet accompagnement se fait dans la durée et de façon permanente".
En France, rappelle Elise Anckaert, il existe un bilan psychologique par an pour les sportifs. "Cela permet de voir comment un sportif s’organise, comment un sportif s’adapte, quels sont les facteurs qui peuvent le fragiliser. Cela s’adresse aux jeunes et aux adultes à tout moment de leur parcours. Il y a aussi un suivi psychologique qui permet de travailler sur la connaissance de soi, sur les stratégies de réaction au stress, sur les ressources que l’on va développer. Il y a enfin des accompagnements individuels, avec les entraîneurs qui sont garants des dépassements de leurs athlètes. On est sur une ligne rouge" lance-t-elle.
La psychologue rappelle qu’il est essentiel de prévenir les jeunes sportifs, "leur dire là où ils mettent les pieds". "Il faut les accompagner dans leur construction individuelle. Il faut resituer à tout moment de la carrière là où en est la personne. Les sportifs sont dans un engagement total. C’est périlleux, que ce soit physique ou mental. Plus grande est la part de lumière, plus grande doit être la part de l’ombre" précise-t-elle, expliquant qu’il n’est pas étonnant que certains sportifs soient en grande dépression.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
Japon
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !