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Si on reprenait les choses à la base ?

RCF,  - Modifié le 20 novembre 2019
Les dénonciations pour harcèlement sexuel, les abus de pouvoir aussi se succèdent : et si l'on revenait à la base, c'est-à-dire à l'éducation ?
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Alors que l’ancien ministre Pierre Joxe assignait l’écrivain Ariane Fornia en diffamation pour avoir écrit sur son blog qu’elle avait été victime d’agression sexuelle de la part d'un homme politique, puis pour avoir son nom à l'Express, une plainte déposée par une ancienne assistante de vie de l’épouse de l’ancien ministre vient renforcer le malaise autour de cette histoire.

Pierre Joxe est présumé innocent, disons-le comme un fait indiscutable, mais nous pouvons tout aussi indiscutablement vouloir croire le témoignage de ces deux femmes. Ce n’est pas sur le domaine de la présomption d’innocence que je voudrais revenir, mais plutôt sur ce que ces affaires d’agressions sexuelles sur les femmes disent de notre société.

Souvent, trop souvent, elles sont le corollaire d’un abus de pouvoir. Un sentiment de domination permet à un homme en position d’autorité de laisser traîner ses mains sur les fesses d’une femme, ou de la harceler de propositions aussi insistantes que suggestives.

Ce sentiment d’impunité est hélas parfois, et trop souvent, lié à la puissance que confère l’argent. Quelques billets permettent en une brève et glauque transaction d’acheter des services sexuels à des femmes qui, du fait des circonstances de la vie, se trouvent en situation de prostitution.

On nous dira que les choses changent parce que les jeunes générations sont moins enfermées dans des préjugés machistes et que les pères n’emmènent plus leurs fils au bordel comme cela se faisait naguère. C’est vrai et c’est heureux.

Mais il y a pire : l’invasion d’une pornographie de plus en plus décomplexée et agressive où des femmes, pas les femmes de façon abstraite, mais des femmes réelles, sont traitées en objet devant une caméra. Cette pornographie en accès libre qui touche les adolescents et les enfants fait croire que la brutalité et l’obscénité des scènes sexuelles est le reflet de la vraie vie. Les pratiques des jeunes en sont hélas profondément modifiées et des collégiennes subissent aujourd’hui en nombre des outrages que certaines prostituées n’accepteraient pas.

Si nous ne voulons pas que, dans les années à venir, les agressions sexuelles, les viols conjugaux et les crises de couple ne croissent en flèche, nous devons impérativement rappeler dans les familles et à l’école que la sexualité sans amour est une instrumentalisation de l’autre et souvent une violence. La sexualité se conjugue avec délicatesse, respect et dignité. Il est urgent de porter ce discours haut et fort ou bientôt il sera trop tard.

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