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"S’il ne s’exprime pas, l’esprit meurt"

RCF,  - Modifié le 29 janvier 2019
Dans sa chronique philosophie Laurence Devillairs réfléchit au grand débat national et au Brexit.
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« S’il ne s’exprime pas, l’esprit meurt ».

Une citation de philosophe, Laurence ? Descartes ? Spinoza ? Nietzsche ? 

Non, Vercors. De son vrai nom, Jean Bruller. Sous l’Occupation allemande, en février 1942, Vercors publie une nouvelle clandestine, Le Silence de la mer. C’est, par les mots et la littérature, une manière pour lui de résister. Car les mots sont indispensables. Nous ne sommes pas en résistance, mais nous devons retrouver l’importance des mots. 

N’est-ce pas précisément ce qui est en jeu dans le Grand débat national qui a lieu en ce moment ?

Le grand Débat national, la rédaction de cahiers de doléances, cette entreprise n’a de sens que si nous mettons des mots sur nos peurs et sur nos exaspérations. Ce débat n’a d’utilité future que s’il est l’occasion de passer du ressentiment, des récriminations, fondées ou pas, à la description détaillée de ce qu’on veut et de ce qu’on est en droit d’espérer. 

La démocratie n’est pas le débat des peurs et des rancoeurs. La démocratie ne se gagne sans doute même pas à coup de référendums, par le jeu d’un oui ou d’un non. Nous en avons la preuve avec ce qui se passe de l’autre côté de la Manche.

Avec le Brexit…

Avec le Brexit, où les Anglais découvrent, un peu tard, qu’ils sont eux aussi des Européens, et que le destin de l’Angleterre passe nécessairement par l’Europe. Si nous voulons sortir de la crise politique que nous traversons actuellement, nous devons parvenir à dire, avec des mots précis, ce que nous voulons. Nous devons faire de la politique, au sens noble du terme, c’est-à-dire construire une société unie, en fonction de ce qui est juste, de ce qui est équitable. Le temps de l’invective est passé, il faut maintenant entrer dans le temps des mots, passer de la fureur à la formulation précise des attentes.

Ce grand Débat ne doit pas être simplement un grand sondage. Il ne doit pas être, comme le déclarait, il y a peu, le sociologue Bruno Latour, la rencontre entre "un gouvernement incapable d’écouter et un peuple incapable de s’exprimer". S’il ne s’exprime pas, l’esprit meurt. Et avec lui, la démocratie, qui ne doit pas être pas le régime de la rage et de l’impuissance.

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