Bien connu des Américains, apprécié, Joe Biden apparaît parfois comme une personnalité ennuyeuse, bien moins sulfureuse que Donald Trump. C’est ce qu’explique Sonia Dridi, journaliste, correspondante pour la presse française aux Etats-Unis, dans son livre "Joe Biden, le pari de l’Amérique anti-Trump" aux éditions du Rocher.
"De prime abord, Joe Biden apparaît comme une personnalité très lisse. En faisant mes recherches, j’ai découvert beaucoup de choses à son sujet. Il a une grande résilience. Il a été élu l’un des sénateurs les plus jeunes aux Etats-Unis à 29 ans. Quelques jours après il perd sa première femme et sa fille dans un accident de voiture. Il pense alors au suicide. Il est finalement resté 36 ans au Sénat. C’est vraiment un battant. C’est la troisième fois qu’il se présente à une élection présidentielle. Il a aussi un caractère bien trempé. Cela en fait un personnage assez fascinant" explique-t-elle au micro d’Etienne Pépin.
Un peu à la manière de François Hollande une fois élu, on dit de Joe Biden qu’il est un candidat normal. "Aujourd’hui l’Amérique est extrêmement divisée, polarisée. Une grande partie des Américains a envie d’un président normal, qui leur ressemble. Joe Biden fait beaucoup de gaffes, mais cela lui donne un côté humain. Une partie de l’Amérique est fatiguée de ces quatre années de folle politique, et finalement Joe Biden est un peu l’homme de la situation. Et puis son empathie est assez bien adaptée à cette année, entre la crise sanitaire et les tensions raciales" ajout Sonia Dridi.
Il ne faudrait pas croire que Joe Biden n’existe que grâce à Donald Trump, en se posant comme son exact opposé. "Il est vraiment dans l’ombre de Donald Trump, mais il a un caractère bien trempé que le grand public a pu apercevoir durant son premier débat. Dans cette Amérique très divisée, il veut se présenter comme le candidat du rassemblement, ce qui plait à beaucoup d’Américains" lance la journaliste.
Au départ, son programme était celui d’un antidote à Donald Trump, ce qui a posé problème. "Mais au fur et à mesure, il a été assez malin pour s’adapter et piocher dans le programme très à gauche d’anciens candidats comme Bernie Sanders pour séduire la jeunesse progressiste. Cela a été une première façon pour lui de s’adapter. Mais il y a aussi une continuité avec Barack Obama. Il essaie toutefois de se démarquer de l’ancien président" estime encore Sonia Dridi sur RCF.
Entretien réalisé le 20 octobre 2020
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !