Edmond Michelet, Germaine Thillion, l’abbé Camille Folliet, et tant d’autres. Une diversité de visages, pour un but commun : la Libération. Ceux et celles qui ont fait ce choix ont été poussés par des motivations très diverses, et à des périodes très diverses également. Durant l’Occupation allemande, pendant la Seconde Guerre Mondiale, nombreux sont les Français qui ont choisi d’entrer en Résistance.
Fabrice Grenard est spécialiste de la Seconde Guerre Mondiale et directeur du département Recherche et Pédagogie de la Fondation pour la Résistance. Il est également l’auteur de "Le choix de la Résistance : histoires d’hommes et de femmes 1940-1944" (éd. Puf). Un livre qui fait entrer son lecteur dans la Résistance, à travers le récit d’histoires singulières, plus ou moins connues.
"Le moment du basculement en Résistance, c’est presque une histoire intime. Il faut s’intéresser aux expériences personnelles, et je trouvais plus facile de suivre un certain nombre de trajectoires emblématiques, plutôt que d’écrire une nouvelle synthèse du phénomène" explique l’auteur. C’est ainsi qu’il a choisi des hommes et des femmes, mais pas au hasard. Certains sont des pionniers de la Résistance, dès 1940. D’autres au contraire, arrivent sur le tard, sans toutefois minorer leur rôle dans cette entreprise.
Entrer en Résistance se fait parfois sur un déclic. "Quand Pétain annonce la fin des combats en juin 1940, immédiatement, certaines personnes disent non. Ou bien en voyant l’occupant allemand à l’œuvre dans le pays. Il y a aussi des histoires personnelles, comme des convocations au STO" ajoute Fabrice Grenard. Ce dernier rappelle toutefois qu’à l’été 1940, la Résistance n’existe pas, et qu’il faut l’inventer. Ce qui se fait par tâtonnement.
Parmi les résistants de la première heure, il y a Edmond Michelet, qui finira déporté à Dachau en 1943. Dès le 17 juin 1940, il distribue des tracts clandestins à Brive. Il reprend des citations de Péguy dont une "celui qui refuse de se rendre est mon homme". "Il se place immédiatement dans une logique de lutte" lance l’historien, qui explique qu’Edmond Michelet est alors assisté par les équipes sociales de Brive. Petit à petit, il s’impose comme une figure de l’anti-nazisme. Il met alors en place une organisation pour venir en aide à tous ceux qui ont besoin de se cacher de l’occupant et du régime de Vichy.
D’autres résistants rejoindront le mouvement un peu plus tard. C’est notamment le cas des communistes, après la rupture du pacte germano-soviétique. L’URSS est attaqué par le Reich. Et la guerre devient totale. Jusqu’alors, la posture du parti communiste français était ambivalente. Il était entré en clandestinité. Il mène une lutte militante contre Vichy, mais limite les attaques contre l’occupant allemand à cause de ce pacte. Quand ce dernier est rompu, les communistes peuvent clairement renouer avec leur ligne anti-fasciste d’avant-guerre, et basculer dans la Résistance.
Les communistes font partie des premiers à prôner la lutte armée contre l’Occupant allemand. "C’est Moscou qui demande cela aux communistes français, pour obliger les Allemands à maintenir des troupes en France, qui feront défaut sur le front de l’Est" explique l’historien. Une lutte armée qui pose à certains de vrais problèmes d’ordre moral. Risques énormes, contraintes matérielles et politiques, questions morales. La Résistance, le combat d’une vie pour tous ceux qui s’y engagèrent.
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