"J’ai beaucoup d’affaires chez moi, mais je ne peux pas m’empêcher de récupérer plein de choses… des vêtements, des bibelots. Je les déplace souvent, je les trie parfois, mais je n’arrive pas à les jeter." Solène qui parle ainsi est atteinte du syndrome de Diogène. Elle a un besoin viscéral d’accumuler des objets de toutes sortes, parfois même des détritus. Cette mère de trois enfants est heureusement accompagnée par des professionnels compétents qui l’aident à tenir le minimum vital pour elle et ses enfants.
Nous sommes nombreux à connaître ou avoir connu de près ou de loin une personne souffrant du syndrome de Diogène. Ce sont généralement des personnes qui associent entassement, saleté, et vie recluse - ce sont les cas les plus répandus.
Mais en réalité les situations sont très diverses, comme explique le docteur Jean-Claude Montfort, spécialiste de ce syndrome. Il repère trois critères qui peuvent varier du tout au tout. D’abord, la relation aux objets : le domicile peut effectivement être rempli à l’extrême, "philosophie de l’entassement", mais il peut également être totalement vide, "philosophie du zéro objet". Ensuite, la relation au corps : soit une négligence totale, "Diogène sale", soit une propreté excessive, "Diogène propre", très rare, celui-ci. Enfin, la relation aux autres : soit une aversion pour le genre humain, "Diogène misanthrope", reclus à domicile, ou au contraire, une immense bienveillance envers les autres, "Diogène philanthrope", lui aussi plus rare.
Les causes de ce syndrome sont diverses et elles s’entremêlent souvent : maladie psychique, trait de personnalité, addiction, traumatisme de vie… Dans cette diversité, le docteur Montfort explique que leur point commun, "c’est que ces personnes atteintes auraient besoin de tout, mais ne demandent rien à personne". Et c’est là la difficulté, car sans demande, il est très difficile de les aider.
Faut-il respecter la liberté de celui qui vit comme Diogène dans son tonneau ? Ou faut-il intervenir de force au risque de provoquer un stress majeur chez l’intéressé pour qui ce mode de vie est un besoin vital ? Une ligne de crète est possible entre ces deux pôles, que le docteur Eliane Abraham, gériatre, résume ainsi : "Nous allons vous aider à vivre comme vous l’entendez, mais vous devez nous aider à ne pas être expulsé, à ne pas vous mettre en danger".
Ce chemin de crète passe par des liens de confiance qui se tissent dans le temps. Et nous, les proches, les voisins, nous pouvons contribuer à ces liens de confiance, et ainsi les aider à prendre en compte le mal dont elles souffrent, comme Solène.
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