Ces trois pays membres de la coalition internationale ont effectué en fin de semaine dernière une série de frappes aériennes, en représailles à l’attaque chimique qui aurait été perpétrée par le régime de Bachar al-Assad contre les forces rebelles.
Cette intervention militaire s’est faite sans mandat de l’ONU. Depuis, les observateurs s’interrogent. Réplique utile ou démonstration de force sans réelle conséquence ? Pour le docteur Raphaël Pitti, ancien médecin militaire, un des responsables de l’Union des organisations de secours et de soins médicaux, auteur de "Va où l’humanité te porte : un médecin dans la guerre" (éd. Tallandier), "c’est une démonstration de force sans réelle conséquence par rapport à la crise humanitaire et au peuple syrien qui souffre terriblement depuis sept ans. Il s’agit de la plus grande catastrophe humanitaire depuis la dernière guerre".
Interrogé dimanche soir sur Mediapart et BFMTV, le président de la République a affirmé que la France avait mis la main sur des preuves selon lesquelles des armes chimiques et notamment du chlore auraient été utilisées contre des populations, et que ces armes pouvaient être attribuées au régime syrien, afin de justifier l’action militaire de l’hexagone. "Il y a des preuves qui sont fiables parce que par deux fois, c’est moi qui ait sorti ces prélèvements, en 2013, et en avril 2017" explique le médecin, avant de détailler les conséquences de telles armes chimiques sur les personnes, et notamment sur les enfants, les victimes les plus exposées et les plus vulnérables face à un tel arsenal.
Face à cette horreur, le docteur Pitti rappelle que cette intervention militaire est beaucoup trop tardive. "On a vraiment manqué 2013. En 2013, la Russie n’était pas directement concernée, elle n’était pas sur le terrain. Le régime n’était pas dans une situation de puissance militaire comme il l’est aujourd’hui. Tout aurait pu basculer en 2013. La faute à Obama. Je suis persuadé qu’Obama n’était pas dans une démarche offensive, ou était paralysé par le fait qu’on lui avait donné le Nobel de la Paix par anticipation. Ce qui a coûté la vie à au moins 300 000 personnes" lance le médecin.
Alors que toutes les parties se sont mises d’accord pour laisser Bachar al-Assad au pouvoir, un point qui fait office de ligne rouge, les spécialistes s’interrogent aujourd’hui sur la manière de mettre fin à un tel conflit. Pour le docteur Pitti, "soit on considère que le droit international n’est pas respecté en Syrie, et il ne l’est pas, alors il y a une nécessité d’avoir une grande coalition internationale qui impose à ses alliés de respecter le droit international et le droit humanitaire international".
Ce médecin humanitaire reconnait les raisons pour lesquelles Bachar al-Assad mène la guerre dans son pays, à savoir la lutte contre des groupes terroristes qui se forment après la fin de Daech. "Le problème, c’est que le régime mène une guerre contre ces groupes terroristes sans discriminer les populations qui sont au milieu. Ce sont elles qui subissent les attaques au phosphore, les violences les plus inimaginables" affirme-t-il.
La victoire militaire de Bachar al-Assad n’aurait jamais été possible sans l’aide militaire de la Russie. Le président de la Commission européenne croit en la nécessité d’une pression exercée par l’Union européenne sur la Russie. "Nous aurions pu le faire comme nous l’avons fait pour la Crimée ou pour l’Ukraine. Aujourd’hui, il faut bien constater que ce sont les Russes qui ont gagné, et sans le respect du droit international" précise le docteur Pitti, qui appelle les populations des pays occidentaux à descendre dans la rue afin de faire pression sur leurs gouvernants, pour demander le respect du droit international, et des valeurs chrétiennes.
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