Cet événement met un coup de projecteur sur cette guerre qui semble sans fin. Il s'agit du sixième jour de l'offensive lancée par l'armée turque et menée avec des rebelles syriens pro-Ankara. L'objectif de cette manoeuvre militaire est de déloger la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple, les YPG.
Cette milice est considérée par Ankara comme "terroriste". La Turquie a lancé son opération après l'annonce par la coalition internationale anti-jihadiste emmenée par les Etats-Unis de la création d'une force frontalière de 30 000 hommes dans le nord syrien, avec notamment des combattants issus des rangs de l'YPG. Interrogé par Florence Gault, Michel Duclos, conseiller spécial de l'Institut Montaigne et ancien ambassadeur de la France en Syrie, évoque les enjeux de cette offensive baptisée "Rameau d'olivier".
Cette opération préoccupe plusieurs pays. Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni lundi à l'appel de la France pour discuter de cette escalade de violences. Aucune condamnation n'y a été prononcée contre l'opération militaire turque. Pour autant, François Delattre, porte-parole de la France à l'ONU, estime que l'appel à la retenue a été entendu.
Certains observateurs avaient pourtant prophétisé que la chute d'Alep-est allait tout changer. Mais la guerre se poursuit inlassablement. Les violences ont repris de plus belle en Syrie ces dernières semaines. Notamment dans la province d'Idlib. Avant la guerre, cette région était réputée pour sa production d'huile d'olive.
Au fil des ans, cette région limitrophe de la Turquie, a plongé dans la violence et le chaos. Les canons s'y déchaînent de nouveau depuis que les forces pro-régime, appuyées par l'aviation russe, ont lancé une vaste offensive terrestre, fin décembre, contre le dernier grand bastion de la rebellion anti-Assad. Depuis le début du mois, plus de 200 000 civils ont fui cette zone, ils vivent dans des conditions déplorables. Ce dont s'inquiète Joëlle Bassoul, porte parole de l'ONG Care en Syrie.
L'ONG Care appelle par ailleurs toutes les parties prenantes au conflit à cesser les attaques envers les civils. Les violences se poursuivent également dans la Ghouta orientale, un vaste territoire tenu par la rébellion anti-Assad, aux portes de Damas. Cela fait maintenant plus de quatre ans que la Ghouta est assiégée et bombardée par les forces pro-régime. 375 000 personnes y vivraient dans des conditions inhumaines. Pour Michel Duclos, l'ancien ambassadeur de la France en Syrie, la Ghouta est le nouvel Alep.
Pour sortir de ce conflit, certaines personnees comptent toujours sur les négociations de paix. Une nouvelle rencontre sous l'égide de l'ONU se tient d'ailleurs aujourd'hui à Vienne. Cette réunion a pour objectif de mettre autour de la table, le régime et les forces de l'opposition.
Mais ces dernières ne sont pas toujours d'accord entre elles. Au mois de novembre, à Riyad en Arabie saoudite, les principales factions de l'opposition se sont retrouvées pour tenter d'unifier leurs positions. Mais les discussions ont vite tourné court. Brita Hagi Hassan y a participé en tant qu'ancien président du Conseil local d'Alep-est. Il vit aujourd'hui en France où il demande l'asile. Il a quitté la réunion au bout de 24 heures, toutes les parties n'arrivant pas à se mettre d'accord.
Dans une tribune publiée dans le quotidien "Le Monde", Michel Duclos suggère que Paris s'inspire du processus qui a mis fin à la guerre en Bosnie en 1995 pour résoudre le conflit en Syrie. Les accords de Dayton signés sous l'égide des États-Unis et de l'ONU ont permis de trouver une solution à la guerre civilo-globale. Pour Michel Duclos, il y a d'une part la question des négociations entre le régime et l'opposition.
Une nouvelle session de pourparlers de paix sur la Syrie doit donc avoir lieu aujourd'hui et demain à Vienne. La principale instance de l'opposition syrienne a annoncé sa présence à ce neuvième round de discussions.
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