Avez-vous vu cette image insolite et saisissante : La Reine Élizabeth II, 95 ans, dans son tailleur gris impeccable, son chapeau assorti et ses gants blancs, a annoncé l’interdiction des « thérapies de conversion » dans son traditionnel discours pour l’ouverture de la session du parlement britannique. Interdire « les pratiques prétendant modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne ». Spécialement ces sessions visant à faire devenir hétérosexuelles des personnes homosexuelles, souvent faites au sein d’organisations religieuses. Nous savons pourtant depuis longtemps que l’orientation de la sexualité ne relève pas d’un choix mais d’une réalité qui s’impose à l’existence.
Écoutons Jean-Michel Dunand, fondateur d’une communion de prière au service des personnes homosensibles et transgenres. Une très belle personne : « Je suis encore très fragile, on ne sort pas indemne de cela. Je sais que des personnes y laissent leur vie » témoignait-il 23 octobre, à l’Assemblée nationale, dans le cadre de la mission d’information « sur les pratiques prétendant modifier l’orientation sexuelle, ou l’identité de genre d’une personne ». Découverte de son homosexualité, « parcours de la honte », prières de « guérison » et de « délivrance », séances d’exorcismes à huit reprises, tentation du suicide… Le souvenir de sa « thérapie de conversion », au sein d’un « réseau de communauté charismatique dans les années 70/80 », ravive une blessure béante : « C’est une perversité très grave que celle speudo-spirituelle, car elle avance masquée, en se drapant d’une grande moralité ».
Derrière des discours en apparence compassionnels, sont distillées la culpabilité et la haine de soi avec toujours le même schéma : une famille croyante, un jeune qui se révèle à lui-même, le mur de la honte, la peur d’être rejeté par les siens et par la société, des années de manipulation spirituelle et affective soutenue par des vedettes : médecins, psychothérapeutes, religieux et des témoignages de « guérison ». Un abus de faiblesse spécialement destructeur, en dévoyant la foi comme les sciences thérapeutiques.
Fin 2020, près de 400 responsables religieux, parmi lesquels l’ancien archevêque anglican Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix, ont signé une déclaration commune pour appeler à interdire les « thérapies de conversion » « Tous les êtres humains de toutes les orientations sexuelles, identité de genre ou d’expression sont une partie précieuse de la création », affirment-ils. « Nous demandons pardon à ceux dont les vies ont été abîmées ou détruites sous le prétexte d’enseignements religieux ».
Agir alors, légiférer sûrement, afin que des vies ne soient plus brisées, brûlées, par ce fléau invisible.
Véronique Margron op.
A voir: reportage d’Arte du 26 novembre 2020 : https://www.arte.tv/fr/videos/086135-000-A/homotherapies-conversion-forcee/
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