L’année scolaire se termine vendredi. Mais entre un début d’été pourri et l’actualité politique ça ne sent pas encore vraiment les vacances. Comment les Français vont-ils passer leurs congés ? Les professionnels du tourisme ont quelques sueurs froides avec l’impact des élections législatives, des Jeux Olympiques et du pouvoir d’achat.
Pour les professionnels du tourisme, les perspectives de l'été sont, comme la météo actuelle, maussades. "Si on parle de tendance générale pour l'été, on constate un déficit de réservation pour juillet, que ce soit en France ou à l'étranger par rapport à l'année dernière et une augmentation pour août" indique Valérie Boned, présidente des entreprises du voyage, organisme regroupant les agences de voyages et les tour-opérateurs.
2023 avait été une année record pour le tourisme en France, mais cet été, il y a un coup de frein avec plusieurs explications. "Il y a la météo et les élections. Ceux qui réservaient en dernière minute ont marqué l'arrêt. Bien sûr, une élection le 7 juillet, pour ceux qui tiennent à voter, ça empêche les gens de partir" analyse Valérie Boned. La dissolution de l’Assemblée a eu un effet glaçon.
C’est très sensible pour les hôtels. "On est en retrait de l'ordre de 20 points d'occupation sur la moyenne nationale, avec un vrai coup de frein qui a été donné aux réservations le 9 juin au soir. La semaine, effectivement, entre les deux tours, est à arranger aux oubliettes. Il y a eu à la fois des annulations et surtout aucune prise de réservation de dernière minute sur ces dates-là. Pour l'instant, on n'a pas de reprise de la réservation pour les semaines à venir" souligne Véronique Siegel, présidente de la branche hôtellerie de l’UMIH.
Mais le frein principal reste le pouvoir d’achat. Avec le recul de l’inflation, les budgets des ménages retrouvent un petit peu de souplesse toutefois les Français restent très vigilants. Selon une étude menée par Younited (une solution de crédit instantané). 53 % des sondés ont réduit leur budget vacances, contre 66 % en 2023.
"On constate vraiment tout au long de l'année qu'il y a une sanctuarisation du budget pour les vacances. C'est-à-dire que les Français souhaitent partir malgré tout, malgré la difficulté. Ils vont donc soit raccourcir leurs congés, soit choisir des destinations moins coûteuses, ou moins loin" nuance Valérie Boned. Pour 2024, 26 % des vacanciers ont d’ailleurs choisi cette option. En matière d'hébergement, les vacanciers font aussi des ajustements, la moitié choisissent quelque chose plus abordables, comparé à 41 % en 2023.
Les Jeux Olympiques de Paris ont semble-t-il aussi eu un effet repoussoir. Si des visiteurs du monde entier sont attendus sur les 15 jours des épreuves, l’événement siphonne la clientèle habituelle dans la capitale. "L’occupation est conforme à nos attentes sur la période des JO en tant que telle. Par contre, il y a un vrai recul de l'occupation en amont des JO et pour le mois d'août, globalement, jusqu'après les Paralympiques. La clientèle, qu'elle soit française ou internationale, qui viendrait pour visiter Paris, n'est pas là cette année. Parce que, clairement, on en a tellement dit sur les difficultés de déplacement, les tarifs et j'en passe, que ces clients-là ne seront pas là cet été" explique Véronique Siegel.
Il y a toutefois une exception à cette morosité : les destinations ensoleillées. La côte méditerranéenne et la Corse affichent en état des réservations supérieures à 2023. "Tous les indicateurs sont réunis pour que la destination Côte d'Azur France aborde la saison estivale dans les meilleures conditions. Le niveau de réservation est déjà excellent en ce début d'été.Au final, l'occupation devrait atteindre les 80% au mois de juin, 85% en juillet et août, et en légère hausse par rapport à l'été 2023" explique Alexandra Borchio-Fontimp, présidente de Côte d’Azur France Tourisme
Ce besoin de soleil se traduit aussi sur des destinations proches de l’Hexagone : l’Espagne et l’Italie notamment. Les professionnels du tourisme espèrent un effet rebond en août, voire à la rentrée en fonction de la conjoncture. La saison ayant tendance à s’étaler de plus en plus entre juin et septembre.
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