La tension est montée d’un cran au Venezuelail y a presque dix jours lorsque Juan Guaido, s'est autoproclamé 'président par intérim'. Juan Guaido, c’est le président du Parlement, tenu par l’opposition. Il est âgé de 35 ans et il est soutenu par des dizaines de milliers de Venezueliens. Il conteste la réélection en mai de Nicolas Maduro, le successeur d’Hugo Chavez, investi le 10 janvier dernier pour un deuxième mandat.
Depuis dix jours c’est un véritable bras de fer qui se joue entre les deux hommes. Juan Guaido a le soutien de nombreux Vénézuéliens mais il a aussi reçu le soutien de plusieurs pays, notamment celui des Etats-Unis dès son autoproclamation. Il s’est d’ailleurs entretenu par téléphone mercredi avec Donald Trump. Hier, c’est le Parlement européen qui a reconnu l’opposant vénézuélien comme 'président par intérim légitime' du pays. Quant à la France, elle a annoncé hier qu’elle reconnaîtrait Juan Guaido comme président par intérim du Vénézuéla si des élections ne sont pas annoncées d’ici dimanche. Le président sortant Nicolas Maduro peut compter pour l’instant sur un soutien de taille, celui de l’armée. C’est pour cette raison que l’opposition descend dans les rues de Caracas pour appeler les militaires à changer de camp.
Le Venezuela s'enfonce également dans une crise humanitaire. Si grâce à ses ressources pétrolières le Venezuela a pu être le pays le plus riche d'Amérique latine il a aujourd’hui sombré économiquement et ses habitants souffrent de graves pénuries de nourriture et de médicaments, ainsi que d'une inflation galopante. La crise politique n'a fait qu’aggraver une situation humanitaire dramatique comme l'explique Paula Vasquez Lezama, chargée de recherche au CNRS, spécialiste du Venezuela, au micro de Pauline de Torsiac.
L’opposant Juan Guaido a d'ailleurs lancé un appel à l'aide aux Nations-Unies, face à la crise humanitaire qui frappe le pays. Mais les Nations Unies affirment ne pas pouvoir agir sans l’aval du gouvernement de Nicolas Maduro. Cette situation économique, sociale, humanitaire dramatique contraint aujourd'hui de nombreux Venezueliens à prendre la route de l’exode.
Pour tenter de stopper le naufrage économique et social de son pays, Juan Guaido a présenté jeudi 31 janvier dernier un plan destiné à stabiliser l’économie, à relancer la production de pétrole et à répondre à l’urgence humanitaire. Un discours destiné à convaincre le peuple mais également la communauté internationale.
En attendant, il est parfois difficile d'informer sur ce qui se déroule vraiment sur place. La presse étrangère subit elle aussi les conséquences de la crise politique au Venezuela. Deux journalistes français en ont fait les frais alors qu’ils filmaient le palais présidentiel, dans la soirée de mardi. Ils ont été interpellés et arrêtés avant d’être libérés hier soir. Deux journalistes chiliens, également arrêtés mardi soir près du palais présidentiel, ont, eux, été expulsés mercredi soir. La censure des médias s’est accentuée ces derniers jours. Une situation qui inquiète Pauline Ades-Mevel de Reporters sans Frontières.
Pour rappel, le pays est classé 143ème sur 180 au Classement sur la liberté de la presse établi par RSF l’an dernier. En attendant, l’opposition est déterminée à descendre dans la rue. Une manifestation est prévue demain au Venezuela. Juan Guaido a prévenu que les mobilisations se poursuivraient jusqu’à ce que Nicolas Maduro s’en aille.
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