UCLy : Michel Younès nommé doyen de la faculté de théologie

Il est laïque, d'origine libanaise et spécialiste de l'islam. Tout un symbole pour devenir doyen de la faculté de théologie de l'UCLy. Le chercheur Michel Younès prendra son nouveau poste à partir du 1er septembre 2023 pour un mandat de trois ans, en remplacement du père Jacques Descreux.

 

A 50 ans, Michel Younès a passé toutes les étapes pour devenir le nouveau doyen de cette faculté lyonnaise, de la proposition de son nom par ses pairs jusqu'à la validation de sa nomination par le Vatican avec l'obtention du Nihil Obstat (« rien ne s'oppose » en latin) délivré par le Dicastère Culture et Éducation du Saint-Siège.

 

Né à Beyrouth en 1973, Michel Younès a grandi dans la plaine de la Bekaa. Le chercheur arrive en France en 1994. Venu du pays du Liban où la cohabitation religieuse est une réalité vécue, Michel Younès dédie sa recherche principalement au dialogue interreligieux entre islam et chrétienté. Le professeur aborde son itinéraire personnel dans son dernier livre « Être soi par l'autre, comment j'ai grandi dans un contexte de diversité » (Karthala, 2023).

 

En 1994, Michel Younès est à l'origine de Pluriel, une plateforme internationale de recherche universitaire sur l'islam. Aujourd'hui, il est délégué épiscopal du diocèse de Lyon pour le dialogue avec les musulmans. Michel Younès a également écrit des ouvrages sur le fait religieux en entreprise.

 

Avant sa nomination comme doyen, Michel Younès dirigeait le Centre d'études des cultures et des religions et le collège doctoral de « la Catho » de Lyon.

 

[EN SAVOIR PLUS] La fiche de Michel Younès sur le site de l'UCLy

 

 

RCF Lyon : Pourquoi avoir voulu être candidat à ce poste ?

 

Michel Younès : Être candidat à ce poste, c’est d’abord une volonté de se mettre au service du collectif. J’ai accepté pour trois raisons : être au service de la faculté de théologie, c’est, selon moi, être au service de l’intelligence de la foi, mais aussi être au service de l’Eglise dans sa manière d’être dans le monde aujourd’hui. Garder cette interface avec la société civile est la troisième raison. Cette candidature s’inscrivait presque dans la trajectoire des travaux que j’ai menés jusqu’à aujourd’hui : quelques ouvrages sur la question de la foi chrétienne dans un contexte de diversité, mais aussi aider l’Eglise à mieux appréhender cette intelligence de la foi et mieux former les acteurs, en s’inscrivant dans les problématiques sociétales actuelles.

 

RCF : Vous êtes laïque, franco-libanais, spécialiste du dialogue avec l’Islam, quels symboles porte votre profil comme nouveau doyen de la faculté de théologie de l’UCLy ?

 

M. Y. : On peut y voir comme un signe des temps. Je précise que je ne suis pas le premier doyen laïque. Il y a quinze ans, Xavier Lacroix avait été le premier doyen laïque, père de famille. Mais c’est vrai que je suis le premier doyen d’origine libanaise. Ce choix peut aussi vouloir dire cette catholicité de l’Eglise puisque l’Eglise maronite est une Eglise catholique. J’ai cette particularité de m’être beaucoup intéressé et impliqué dans la réflexion théologique sur la diversité religieuse et particulièrement sur le dialogue interreligieux, la question de l’islam. Il est vrai que compte tenu des évolutions de la société en France, des évolutions pastorales aussi, il est important que socialement, théologiquement, pastoralement, on puisse aborder sereinement ces questions. Si je peux contribuer à ce que ce soit fait à la fois avec sérénité, apaisement, profondeur et exigence, ce sera une des dimensions que je voudrais développer.

 

RCF : Vous devenez doyen de la faculté de théologie, quelle est la nature de cette fonction ?

 

M. Y. : Trivialement, je dirai que c’est être à l’écoute des collègues qui m’ont fait confiance, représenter une institution et aussi agir, donner quelques orientations pour faire place à la réflexion théologique. Être au service des collègues est une dimension à laquelle on n’échappe pas, nous sommes une faculté de théologie au sein d’une université donc il y a une démarche administrative, une harmonisation, une orchestration si je puis dire pour que les choses avancent bien ensemble. Mais c’est aussi donner une place à la réflexion théologique à travers des projets. Pour moi, il s’agit donc non seulement animer des conseils, une réunion de collègues, une faculté mais aussi donner un nouveau souffle au projet auquel nous inspirons tous pour continuer à rayonner.

Pour vous donner un exemple précis, je parlerai de la transmission. Qu’est-ce que transmettre dans un monde en profonde mutation, qu’est-ce que transmettre quand il y a des structures qui sont fragiles, parfois des oppositions ou un caractère non-audible du message de la foi ? Et puis qu’est-ce qu’on transmet au fond ? Est-ce qu’on transmet les conditions de réception de la foi chrétienne ou est-ce qu’on transmet un contenu ? Toutes ces réflexions sont celles que des collègues mènent à travers leur domaine de compétences en ressaisissant leurs ressources. Par exemple, en 2025, nous fêterons les 1700 ans du concile de Nicée et cela pourrait donner lieu à un événement sur comment repenser aujourd’hui le concile de Nicée.