Alyona et sa fille Marta, deux réfugiées ukrainiennes, ont passé la nuit chez nous dimanche soir. Et sans avoir le temps de voir Paris, elles sont reparties vers Roanne, où vit une amie d’enfance d’Alyona. Chronique d'une guerre dramatique, qui se joue en Europe en ce moment.
Armelle et Eric les ont ramenées de Cracovie en région parisienne. Avec un ami, ils avaient chargé deux voitures de produits d’hygiène et de vivres, donnés par des amis, qu’ils ont déposés dans un centre de collecte. C’est là qu’ils ont rencontré la mère et sa fille. Un long voyage de retour et les voilà, avec leur chat Philémon. Premier passage de relais. Marta, dans un anglais parfait, raconte la fuite de Kiev, quand il est devenu impossible de descendre de leur 15ème étage dans un abri anti-bombe si sale; les jours passés dans l’Ouest du pays à Lviv. Et puis l’occasion qui se présente, un jeune Ukrainien qui les conduit à Varsovie et enfin un bus pour Cracovie.
Marta a le sourire et pourtant, à 23 ans, elle vient de quitter sa fac de cinéma, ses amis et surtout son amoureux. Elle montre des photos: il est là, dans un uniforme militaire. Elle dit : “Le plus dur, c’est çà, le voir avec un fusil, lui n’avait jamais touché une arme de sa vie, qui ne connaît rien de la guerre”. Elle montre aussi des photos d’immeubles bombardés dans les alentours de Kiev où vit une partie de sa famille maternelle. Elles ne savent rien, juste qu’il n’y plus d’eau, plus d'électricité et plus de réseaux. Sont-ils vivants ? Sont-ils morts ? Elle raconte aussi sa tante, à Lviv, qui se démène nuit et jour pour trouver des gilets pare-balles, qui cherche de l’aide encore et partout. Marta et Alyona ont choisi de partir. D’autres, beaucoup d’autres ont préféré rester, elles comprennent.
Après une nuit de repos -y compris pour Philémon, qui leur causait des soucis- nous passons un moment simple et merveilleux, dans le jardin. Nous parlons de fleurs et d’oiseaux avec Alyona. Marta traduit. On rit. A la gare de Lyon, l'organisation est impeccable. Second passage de relais. La Croix-Rouge a ouvert un accueil. Le billet de train est offert. Aline se présente. Elle travaille à la SNCF et s’est portée volontaire pour les réfugiés. Spontanément, elle me propose de faire elle aussi de l’accueil de transit. Nous restons en lien.
Marta et Alyona sont arrivées à Roanne. Je recherche des contacts là-bas pour créer un filet de soutien. J’appelle une pasteure et des amis d’amis qui vont entrer en relation avec elles. La chaîne des solidarités continue. La nature humaine, c’est aussi çà. Et c’est bon.
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