René Dulot a été élu maire de Chazey-sur-Ain en 1977 à l’âge de 29 ans et le resta durant 43 ans. Une longévité qui l’amène à publier chez Cleyriane Editions « 43 ans dans la journée d’un maire ». Un livre dans lequel il brosse le quotidien d’un élu attaché à l’intérêt général, entre anecdotes, réflexions et constats.
René Dulot, qui a également été longtemps secrétaire de l’Association des Maires de l’Ain, évoque des situations vécues tout au long de ses mandats :
J’ai choisi ce qui me paraissait le plus significatif, ce qui me revenait en mémoire de manière spontanée !
La parution de ce livre cible deux publics : la population chazeyenne, car tous les récits trouvent leur source au niveau local, et l’univers des maires.
« Je souhaite transmettre mon vécu, qu’il reste quelque chose pour les habitants mais aussi partager mon expérience. Je m’adresse aux maires anciens mais aussi aux maires actuels du département de l’Ain, J’ai essayé de tendre à l’universel des maires ma petite expérience ! »
Pour René Dulot, aimer les gens constitue la qualité première d’un maire, spécifique et presque suffisante.
« C’est le dénominateur commun de tout maire et le marqueur le plus important de ce métier. Il faut aussi être ouvert à la discussion. J’observe les maires d’où qu’ils soient et quelle que soit leur préférence politique, tous sans exception sont des gens extrêmement sympathiques et tous sans exception s’intéressent aux autres. C’est à la fois un dénominateur commun et pour moi le marqueur le plus important de ce métier.
».
Peut-être est-ce une des raisons de ses réélections successives, René Dulot a toujours eu le souci de la transparence vis-à -vis de ses concitoyens. Il organisait une réunion annuelle publique pour présenter et échanger sur les différents dossiers municipaux en cours. Chaque habitant avait le droit d’interrompre la présentation de tel ou tel adjoint pour demander une précision.
« Ce qui me paraissait fondamental, pour les gens, mais aussi pour nous élus c’était de présenter tous les dossiers, ne rien cacher, et s’imprégner éventuellement des suggestions intéressantes. Cet échange annuel a toujours été pour moi une source de bienfait »
La France compte 35 000 communes et donc 35 000 maires, est-ce une faiblesse ou une richesse ?
« Pour moi, c’est une richesse car l’Etat, à travers les maires, se rend au plus près de la population, et c’est possible à condition que la fonction s’apparente à un bénévolat. S’il y a une fonctionnarisation, un coût, les pouvoirs publics réduiront le nombre des communes et il me semble que la démocratie y perdrait quelque chose.
A Chazey j’ai toujours trouvé des interlocuteurs et des habitants plutôt très sympathiques et ouverts à la discussion. Mais je sais que dans d’autres communes il y a une crispation et que le citoyen est de plus en plus exigeant. Très honnêtement je n’ai pas remarqué d’évolution forte et je trouve qu’au contraire la population semble militer pour le maintien des communes dans leur nombre et compétences actuels. »
René Dulot constate également que les communes sont un îlot de stabilité dans un monde en mouvement permanent.
Au cours de ses mandats, René Dulot a été très attaché à la préservation de l’espace foncier dans une commune où la population à triplé en quarante ans. Un souci qui fait écho à l’actuel débat autour de la loi Zéro artificialisation des sols (ZAN).
Est-ce qu’en une génération on peut consommer plus d’espace que ce qui a été consommé dans toutes les générations précédentes depuis des millions d’années ? Non ! Il vaut mieux faire une erreur de prudence qu’un excès d’activisme en la matière. On peut toujours construire ultérieurement là où c’est interdit aujourd’hui, mais on ne pourra difficilement écrouler, dans les années suivantes, ce qui est construit. Il faut être prudent là-dessus !
Autre écho au changement climatique, l’une de ses priorités de dernier mandat aura été d’adapter le réseau d’évacuation des eaux de pluie. Si les précipitations sont plus rares, elles sont souvent plus virulentes et donc susceptibles de saturer plus le réseau et déborder en surface. Selon René Dulot, les élus qui n’anticipent pas pourraient bien se le voir reprocher par leurs électeurs.
“Je pense qu’il faut être inquiet sur l’avenir et prudent dans les solutions, il ne faut pas embarquer le contribuable français ou local dans des dépenses qu’il ne pourrait pas supporter”.
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