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Un cimetière médiéval exhumé autour de la collégiale Saint-Martin à Colmar

Un article rédigé par Adrien Beaujean - RCF Alsace, le 1 juin 2022 - Modifié le 1 juin 2022
Les Trois Questions · RCF AlsaceUn cimetière médiéval exhumé autour de la collégiale Saint-Martin de Colmar

Des fouilles archéologiques ont débuté il y a un mois autour de la collégiale Saint-Martin de Colmar. Une étape nécessaire avant les travaux liés à la future piétonnisation du lieu. Premier point d'étape du chantier: l'exhumation d'un cimetière médiéval. Boris Dottiri, responsable de l'opération, et Fanny Chenal, anthropologue, tous deux pour le compte de l'INRAP, l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives, font le point.

DRDR

Adrien Beaujean: Qu’est-ce qu’on essaie d’y chercher autour de cette collégiale?

 

Boris Dottori: Alors c’est un chantier d’archéologie préventive; des fouilles qui ont lieu en amont d’autres travaux d’aménagement donc là en l’occurence du projet de l’aménagement de la place de la collégiale qui est actuellement un parking et que la ville va pouvoir embellir. Donc en amont de ces travaux, vous savez par les sources historiques mais également par la réalisation d’un diagnostic archéologique réalisé en 2015, on avait un très fort attenu funéraire parce que l’on sait, autour de la collégiale, au Moyen-Âge, on avait le cimetière.

 

A.B: Le premier gros chantier de ces fouilles qui ont commencé le 2 mai c’était surtout pour regarder un petit peu ce que l’on pouvait trouver du côté de ce cimetière médiéval?

 

B.D: On fouille en fait la cote de profondeur des futurs travaux qui est d'environ 70cm. On a déjà pu mettre au jour une soixantaine de sépultures. Donc là on est du côté sud de la place, on va tourner tout autour de la place jusqu’en septembre et donc là du côté sud, le côté historique indique que le cimetière a perduré jusqu’au XVIe siècle. Nous sommes donc potentiellement sous des sépultures qui sont inférieures au XVIe sicèle.

 

A.B: Fanny Chenal vous êtes donc anthropologue et vous êtes sur ce chantier de fouilles archéologiques, qu’est-ce qu’on a pu trouver d’un point de vue anthropologique par rapport à ces fouilles archéologiques autour de la collégiale? 

 

Fanny Chenal: On est complètement dans le cimetière paroissial de l’époque, c’est-à-dire que l’on a des inhumations d’hommes, de femmes adultes et d’enfants aussi. On sait que c’est un cimetière qui a été utilisé pendant assez longtemps parce que parfois les sépultures se regroupent, donc on a des sépultures qui vont regrouper d’autres sépultures qui ont été implantées de manière antérieure. 

 

A.B: Qu’est-ce que ça raconte peut-être sur l'histoire de la commune, ou sur les rites funéraires, sur l’aspect social ou même hiérarchique de la société de l’époque?

 

F.C: Pour l’instant on est vraiment au début de la fouille mais ce que l’on peut dire c’est que les sépultures que l’on fouille correspondent tout à fait à ce qui est attendu dans le cadre du cimetière chrétien, c’est-à-dire les individus sont inhumés selon une orientation Est-Ouest avec la tête à l’Ouest toujours et avec très très peu de mobilier funéraire. On retrouve également dans les sépultures, des clous de cercueil, ce qui nous permet de dire qu’ils ont été inhumés dans des cercueils en bois cloués. Donc on ne retrouve pas le bois qui est décomposé mais on retrouve les clous de cercueil.

 

A.B: Il n’y a pas on va dire de grandes découvertes, de grandes surprises, c’est “ce qui est attendu” quand on fait ce genre de fouilles?

 

F.C: C’est tout à fait ce qui est attendu quand on fouille un cimetière chrétien. On est habitués à fouiller ce type de site dans le cadre de travaux. Nous on intervient vraiment parce que les sépultures vont être détruites car si on n’intervient pas, ce sont les pelles mécaniques de travaux qui vont détruire les sépultures. On a l’habitude de fouiller des cimetières chrétiens et c’est tout à fait conforme à ce qui est attendu.

 

A.B: Par rapport à ce qui va se passer, ça c’était une première étape, c’est de faire le tour de la collégiale ou en tout cas faire d’autres fouilles?

 

F.C: Oui voilà tout à fait, on va faire tout le tour de la collégiale, on va fouiller jusqu’à la fin du mois d’août. Chaque sépulture que l’on fouille est bien évidemment enregistrée et photographiée puis prélevée. On va étudier les squelettes, les ossements dans notre laboratoire à Strasbourg et puis ensuite les os seront réinhumés. 

 

© 3QA Alsace
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Les Trois Questions · RCF Alsace
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