Un couvre-feu sera-t-il réinstauré à Paris d’ici la fin de la semaine ? La question sera étudiée ce mercredi en conseil de défense, mais l’idée a déjà fait parler d’elle ce mardi. L’annonce en a été faite par Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, en pleine matinale de Jean-Jacques Bourdin.
La chose a vite été démentie par Matignon, en disant qu’aucune décision n’était prise pour le moment, mais les protestations et les railleries ont fusé de toutes parts. Puisque nous sommes tous confinés, à quoi servirait le retour d’un couvre-feu dans la capitale ? Confinement et couvre-feu, c’est comme ceinture et bretelles : c’est jugé superflu et ridicule par les opposants au gouvernement, qui s’en sont donné à cœur joie sur les réseaux sociaux.
C’est la préfecture de police de Paris qui a suggéré cette idée au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Elle l’a fait après avoir constaté que le nouveau confinement ne retire pas assez de gens des rues de la capitale. En laissant les enfants à l’école et en encourageant les entreprises à poursuivre leurs activités, ce confinement "saison 2" fournit plus de motifs de dérogations que celui du printemps. Et on s’en sert.
On nous a répété que nous devions nous habituer à "vivre avec le virus" – on l’a fait. Il fait moins peur, on sort plus. Y compris le soir. Depuis la levée du couvre-feu, épiceries, supérettes de quartier et restaurants pratiquant la vente à emporter ouvrent à nouveau au-delà de 21h. On peut les fréquenter avec une attestation dûment remplie sans risquer d’amende. Les sorties nocturnes augmentent et le virus se remet à circuler, de jour comme de nuit.
Parce qu’un vaccin n’est malheureusement pas pour demain, nous n’avons pas d’autre choix que de revenir au confinement. Pour qu’il soit efficace, et donc le plus court possible, il faut réduire les occasions de sorties. C’est cette logique qui a poussé le gouvernement à fermer les petits commerces. La mesure, perçue comme injuste, a été très critiquée, et elle continue de l’être. Le sujet commence à agacer sérieusement Jean Castex. En colère, il a redit hier à l’Assemblée qu’il nous faut limiter nos déplacements "à l’essentiel". C’est-à-dire au travail, à l’école et aux seuls commerces de première nécessité. Faire des exceptions, "ce n’est plus faire de reconfinement". Et donc laisser courir la maladie.
Ce même raisonnement plaide aujourd’hui en faveur du retour des couvre-feux à 21h. Et pas seulement à Paris. Des mesures similaires pourraient être prises dans toutes les métropoles où la maladie galope. Et si les courbes des contaminations et des hospitalisations ne s’infléchissent pas rapidement, d’autres "serrages de vis" suivront forcément.
On peut continuer à le déplorer à grands cris ou tout faire pour que ça marche. Un peu d’unité ne nuirait pas sur le sujet. Il serait bon que les politiques nous montrent l’exemple en la matière. La proximité de la prochaine élection présidentielle les en empêche, alors même que nous avons plus que besoin de concorde. Et c’est plus que dommage…
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