Après avoir fui les bombes, des milliers d'enfants ukrainiens sont scolarisés dans des pays européens. En France, ils sont plus 6800 ! Illustration dans un établissement catholique de La-Roche-Sur-Foron, en Haute-Savoie.
Une belle après-midi à La-Roche-Sur-Foron. Les élèves qui se passent un ballon de foot dans la cour du collège Sainte-Marie ne se doutent pas que, dans le bureau voisin, une scène émouvante se joue. Didier Aucagne, le directeur de l'ensemble scolaire, rencontre pour la première fois Irina, maman ukrainienne de Cristina, douze ans. "Nous sommes heureux d'accueillir votre fille! Nous allons tout faire pour qu'elle se sente bien. Des élèves de première se sont proposés pour donner des cours de français".
Irina a fui Kiev mi-mars, laissant son mari et toute sa famille derrière elle. Direction: la France, dont elle parle un peu la langue. Son objectif: mettre Cristina à l'abri des bombes et lui offrir une vie d'adolescente normale. "Ici, il y a la sécurité. Ma fille aime aller en classe, elle a des amis". Quant au choix de l'établissement, il s'est fait tout simplement. "Je me suis signalée à ma mairie de Pers-Jussy pour accueillir une famille", raconte Margarita, "mon fils Noa est élève au collège Sainte-Marie. Il a le même âge que Cristina. C'était évident, pour lui, que Cristina devait aller dans sa classe!". Un mail et un coup de téléphone plus tard, Cristina a intégré la classe de cinquième G.
"Au début, on était un peu excités. Dans la cour, il y a eu un attroupement... La pauvre Cristina, elle ne comprenait rien aux questions qu'on lui posait!" racontent ses camarades de classe. "Mais maintenant, dans la classe, nous la considérons comme une élève normale. Elle est bien tombée avec nous, nous sommes matures!". Cristina est intégrée dans un groupe d'amis. Les collégiens tentent de se comprendre en alternant anglais et français. "J'aime cette école, j'aime mes amis" ose dire Cristina en français, avec un joli accent. La collégienne étrangère avoue ne comprendre "qu'un peu" ce que disent les professeurs. Mais l'essentiel ne semble pas être là: "quand on voit ce que vivent les enfants en Ukraine, on se dit qu'elle a bien fait de venir ici" résume une des nouvelles amies de Cristina. En Haute-Savoie, deux-cent-six élèves ukrainiens ont intégré un établissement public ou privé.
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