Breonna Taylor aurait dû fêter ses 27 ans le 5 juin. Elle était aide-soignante. Dans la nuit du 13 mars, dans son lit, elle fut criblée de balles par la police de Louisville dans le Kentucky. Le tort de cette jeune femme afro-américaine : avoir un compagnon soupçonné de trafic de drogue. Aucune drogue n’a été trouvée lors de la fouille, et un autre suspect arrêté ; mais elle, elle est morte. Une petite cérémonie a eu lieu le 25 mai, cet autre jour funeste ou George Floyd était tué par un policier à Minneapolis dans le Minnesota.
À Louisville, les murs, les vitrines saluent la mémoire de Breonna, son visage rond est peint en couleurs sur la place centrale. Son nom scandé par les manifestants : "Pas de justice, pas de paix. Les vies noires comptent" ; "On ne se bat pas pour de l’argent, mais pour nos vies"... "On veut juste être en sécuritéÌ dans nos appartements, dans la rue", lance une jeune femme, conductrice de bus, au bord des larmes.
"Ces crimes sont autant de péchés qui montent vers le Ciel", clamait le président de la conférence épiscopale américaine, archevêque de Los Angeles, Mgr José Gomez appelant aÌ "déraciner l’injustice raciale" et aÌ retirer "le racisme et la haine de nos cœurs".
L’Amérique ne parvient plus à respirer sous ce racisme qui la ronge. Et qui tue. La colère se fait planétaire contre les violences policières, dont ici en France. Dès que quelqu’un est humilié, stigmatisé, violenté en raison de ce qu'il est - couleur de peau, genre, orientation sexuelle - nous maltraitons sa citoyenneté, sa condition d’humanité d’égale dignité et droits à celle de tous. Ce n’est pas un combat des Noirs contre les Blancs. Mais un engagement de tous, en faveur de tous, à commencer par ceux victimes de ces injustices.
L’un des héritages de la tradition chrétienne est d’avoir refusé d’être régie par des règles ethniques. Tous les humains sont sous un même et unique toit, celui de Dieu. Mettons tous un genou à terre pour supplier pour la justice et prendre notre part de cet engagement indépassable : l’unique humanité.
Sr Véronique Margron est religieuse dominicaine, présidente de la Corref (Conférence des religieux et religieuses de France). Chaque semaine, écoutez son édito dans La Matinale RCF.
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