C’est un joli premier film d’un jeune réalisateur israélien, l’histoire de trois frères qui se retrouvent pour enterrer leur père, dans le Kibboutz de leur enfance. Il commence par un plan large, où on voit un bus rouler dans une plaine, avec des fumées de tirs de roquettes au loin. Et c’est ce que rend très bien le film : ces combats qu’on ne voit jamais mais qui sont toujours là hors champ ou en arrière-plan. Car pour ces hommes de la deuxième génération, Israël, c’est un pays qui n’a jamais cessé d’être en guerre.
Oui et il espère le conseil de ses aînés ! Il est partagé entre son devoir de servir son pays, comme ses frères l’ont fait, et sa peur de mourir au combat. Itaï, l’ainé, est un militariste convaincu, comme leur père et il veut l’entrainer à tout prix. Le cadet, Yoav, a été un gradé mais il a quitté l’armée, il souffre de symptômes post-traumatiques et il voudrait empêcher Avishaï de partir. A travers cette fratrie, le réalisateur critique surtout ce qu’il appelle "l’injonction de masculinité" du père, relayée par l’ainé, et qu’il juge toxique.
Oui le Kibboutz, c’est effectivement un lieu poétique, hors du temps, où ils ont grandi dans une totale liberté. Mais où il ne reste aujourd’hui que des anciens et quelques animaux de ferme. C’est à la fois le refuge de leur enfance, teintée de nostalgie, et en même temps un lieu d’enfermement d’où ils ont du mal à partir.
Oui Yona Rozenkier a fait le choix, lui, du cinéma dans lequel il croit pour faire évoluer la société israélienne. Mais il avoue une certaine culpabilité dont ce film l’a aidé à sortir. En jouant dans son film avec ses deux propres frères, qui eux sont réservistes, ils ont voulu ensemble questionner l’avenir d’un pays où l’on ne pourrait devenir un homme qu’en perpétuant la guerre !
Oui c’est une manière de mieux nous toucher et de pouvoir aborder les sujets les plus douloureux, comme la mort d’un jeune soldat. C’est aussi montrer le coté absurde de cette transmission forcée, de ce père qui continue même mort à imposer sa volonté à ses fils. Et le film se termine dans une belle symbolique de l’eau, à la fois lieu de renaissance pour Yoav, et source intarissable de vie, que la volonté seule d’Itaï ne parviendra pas à arrêter de couler.
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