La désertification médicale touche le Berry, mais c'est tout le pays qui est dans une situation difficile. Face à la pénurie de soignants à l'hôpital, nos voisins de la Nièvre mettent en place un pont aérien entre Dijon et Nevers pour acheminer des soignants.
C'est ce qu'on appelle employer les grands moyens. Le sujet avait fait le tour des médias en novembre dernier : le maire de Nevers voulait organiser un pont aérien entre Dijon et sa commune pour acheminer des médecins, qui manquent cruellement dans l'établissement nivernais alors que 180 kilomètres séparent les deux villes. Le premier décollage aura lieu ce jeudi.
Il manque à l'hôpital de Nevers environ 50 médecins et autant d'infirmières. Des soignants du CHU de Dijon sont prêts à venir en renfort, mais la route est longue, d'où le choix de la voie aérienne : « Le temps de trajet, il est d'environ 3 h, si on respecte les limitations de vitesse et que l'on affronte le verglas et la neige dans le Morvan, notamment l'hiver », explique Denis Thuriot, maire de Nevers et président du Conseil de surveillance de l'hôpital. « Ce temps de trajet, il est dissuasif ! Ça fait 6 heures aller/retour pour un médecin qui veut rentrer chez lui le soir. Et par le train malheureusement pratiquement 2 h 30. Il y avait trois 2 h 07 qui ont été supprimés. Mais de toute façon, même en 2 h 07, les médecins ne veulent pas venir s'ils ne peuvent pas rentrer plus tôt et plus rapidement chez eux. En plus, nous venons d'apprendre que la ligne de train entre Nevers et Dijon sera fermée à partir de juillet 2023 jusqu'en février ou mars 2024. »
Sur les 6 millions de déficit, 3,5 millions sont consacrés à l'intérim [...] Ce sont des chasseurs de primes !
Le départ est prévu ce jeudi vers 8 h, pour une arrivée à Nevers 30 minutes plus tard. À bord de l'appareil, 7 médecins de l'hôpital dijonnais, généralistes et spécialistes. L'avion de retour décollera à 18 h. L'opération est financée par L'hôpital nivernais, qui affiche déjà un déficit de 6 millions d'euros : « Ça peut paraître paradoxal, mais en dépensant, on va gagner de l'argent » explique Denis Thuriot. Le renfort des médecins dijonnais doit permettre de moins recourir aux intérimaires, qui pèsent très lourd sur les finances : « Sur les 6 millions de déficit, 3,5 millions sont consacrés à l'intérim ». Il faut distinguer les intérimaires qui sont conventionnés, comme les soignants du CHU de Dijon, indemnisés du déplacement et qui reçoivent une prime. Pour les autres en revanche, la facture est bien plus lourde « Ce sont des chasseurs de primes ! Il y en a encore un qui m'a contacté... Ils viennent pour 2 000 euros, plus 1 000 euros de défraiement, ça fait 3 000 euros pour une vacation de 24 h, ce n'est pas raisonnable. »
Nous avons choisi un avion qui consomme très peu, un Pilactus.
Reste la question de l'écologie : « Est-ce qu'il est raisonnable de laisser les Nivernais avec un manque de médecins et une perte de chance ? Non ! La priorité, c'est la santé de nos concitoyens » se défend Denis Thuriot, pour qui ces trajets n'auront pas un fort impact environnemental : « Nous avons choisi un avion qui consomme très peu, un Pilactus. On évite une trentaine de voitures sur Dijon et on équilibre le coût CO2 parce que si nos concitoyens n'ont pas de médecins à proximité, ils prennent leurs voitures. Je vous assure que c'est plus de 30 voitures par semaine qui vont à Dijon faute de pouvoir trouver un médecin sur place. Réfléchissons globalement, et pas juste de façon démagogique. »
Pour l'instant, une rotation par semaine est prévue, mais cela pourrait augmenter.
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