A 600 jours de la présidentielle de 2022, le Président de la République s’est exprimé depuis le palais de l’Elysée pour la première interview du 14 juillet de son quinquennat et pour son premier entretien en direct depuis sa conférence de presse du 25 avril 2019, après les manifestations des "gilets jaunes". "On a senti une volonté du Président de se réinventer, de rompre avec l’image d’un président arrogant qu’on lui a collée et de se montrer plus proche des Français et assez modeste, jusqu’à reconnaître certaines erreurs", analyse Cédric Passard, maitre de conférences en Sciences politiques à Sciences Po Lille.
Parmi les annonces principales, Emmanuel Macron a indiqué vouloir rendre le port du masque obligatoire dans tous les lieux publics clos à partir du 1er août, en précisant qu’il y a "des signes" que l’épidémie repart un peu ; il a estimé que la France ne pourrait pas faire "l’économie d’une réforme" de son système de retraites et il a annoncé, pour dynamiser l’emploi des jeunes, que le gouvernement va mettre en place un "dispositif exceptionnel d’exonération des charges pour les jeunes", qui facilitera l’embauche de salariés à "faibles qualifications" . Un plan de relance massif est annoncé, d’un montant de 100 milliards d'euros au total, dans les domaines "industriel, écologique, local, culturel et éducatif" . Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, le chef de l’Etat souhaite aussi "redévelopper le fret ferroviaire massivement", notamment les trains de nuit, et les petites lignes de train.
Sans vouloir changer réellement de politique, Emmanuel Macron a souhaité prendre "un nouveau chemin". "On est bien dans le changement dans la continuité, qui est le slogan de Georges Pompidou. On retrouve cette difficulté qui est de mener le changement et la continuité en même temps. Cela passe d’abord par un changement de méthode et pas forcément par un changement de contenu de la politique. Il annonce donc plus d’écoute, plus de négociation, plus de dialogue social, quitte à parfois donner l’impression de vouloir se réinventer mais sans complètement se renier", relève le spécialiste de l'histoire intellectuelle et de la sociologie historique du politique.
"Le flou est un peu inhérent à ce type d’entretien. Ce n’est pas forcément au Président de préciser l’ensemble des modalités concrètes des mesures qui vont être prises par le gouvernement", observe Cédric Passard. A l’occasion de son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale cet après-midi, le Premier ministre, Jean Castex, devra rentrer dans le vif du sujet. "Le gros enjeu de cet après-midi est de donner une feuille de route beaucoup plus précise pour les deux ans à venir, voire peut-être au-delà, mais aussi d’aborder d’autres points, peu ou pas évoqués : les enjeux de sécurité, les enjeux liés à l’international, la question de la réforme de la décentralisation. Pour le Premier ministre, il y a un enjeu politique pour lui qui est de ressouder la majorité, de rassurer l’aile gauche de la majorité…et un enjeu personnel, qui est de gagner en notoriété, s’imposer lui-même et montrer qu’il n’est pas simplement un Premier ministre fantoche".
A deux ans des élections présidentielles, la campagne commence-t-elle déjà ? Pour Cédric Passard, "derrière cette réorganisation et le changement d’équipe, il y a une volonté pour le Président de retrouver une posture et un rôle de premier plan qui pouvaient être moins mis en valeur en raison de la popularité d’Edouard Philippe. Sans doute qu’Emmanuel Macron pense déjà à l’échéance prochaine, mais au niveau du contenu, l’urgence est d’abord de réagir face à la crise économique qui s’annonce. Il est sans doute prématuré de pouvoir envisager un programme de plus longue date".
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