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"Un si beau diplôme", de Scholastique Mukasonga

RCF,  - Modifié le 22 mars 2018
Christophe Henning a lu pour vous « Un si beau diplôme ! », le livre de Scholastique Mukasonga, publié chez Gallimard.

Si vous n’avez pas encore lu Scholastique Mukasonga, il va falloir vite rattraper votre retard… Avec le titre du livre, on se doute qu’il s’agit d’une bonne élève. C’est surtout un témoin essentiel de l’histoire du Rwanda, son pays. Chassée avant le drame fratricide qui a décimé la population, Scholastique Mukasonga a perdu 37 membres de sa famille, dont sa mère, dans le massacre des Tutsis par les Hutus. Mais ce n’est pas directement l’objet de ce livre, qui est un peu la suite de Notre-Dame du Nil, paru en 2012 et qui a valu à l’écrivain le prix Renaudot. Dans ce récit qui l’avait fait connaître, Scholastique Mukasonga racontait la vie d’un pensionnat de jeunes filles et il faut bien dire que, dans ce huis clos d’avant le génocide, les tensions étaient déjà envahissantes. Après le lycée, on retrouve dans Un si beau diplôme ! la jeune pensionnaire qui commence ses études d’assistante sociale au Rwanda, et s'en trouve chassée pour le Burundi...
 
Rien n’est facile pour la jeune étudiante éloignée de sa famille… mais Scholastique Mukasonga ne dramatise pas, ne force pas le trait. Son récit est sobre, précis, descriptif, aussi bien pour raconter les belles rencontres que pour partager les humiliations que l’étudiante peut subir. Une jeune fille, on l’a compris, hors du commun : « Je le voulais de toutes mes forces, ce papier magique qui, même dans l’éloignement de l’exil, me permettrait d’être présente au milieu des miens, d’être garante de leur survie ». Il faut imaginer l’espérance folle qu’un diplôme peut constituer… Mais pour décrocher le fameux sésame, il faut en traverser des difficultés. Heureusement, écrit Mukasonga, il y a la solidarité des exilés : « dans le partage du malheur, chacun se sentait responsable des quelques biens que l’autre avait pu se procurer ».
 
La jeune fille sera diplômée. Est-ce que ce bout de papier lui ouvre toutes les portes, c’est une autre histoire. Parce que les tensions gagnent le Burundi, parce qu’il faut fuir la violence, même quand on est dans son bon droit. Encore une fois, rien de démonstratif ni revanchard dans ce récit, mais l’histoire simple d’une femme qui traverse un demi-siècle d’un drame encore trop méconnu. Scholastique Mukasonga n’est pas restée assistante sociale mais écrivain, et c’est tant mieux : par sa plume, la force de son récit, elle est à la fois la mémoire et l’avenir de tout un peuple et parle une langue universelle. Lisez Scholastique Mukasonga !
 

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