C’est un sommet sous haute tension qui se profile. Dès ce vendredi 17 juillet, et pour la première fois depuis le mois de février, les 27 pays de l’Union Européenne se réunissent en chair et en os, à Bruxelles, pour aborder la question délicate du plan de relance économique. Invité de la rédaction, Olivier Costa, directeur de recherche au CRNS à Sciences Po Bordeaux, est revenu sur les intérêts de cette rencontre.
Pour les Vingt-sept, tout l'enjeu sera de s'accorder sur un plan de relance économique de 750 milliards d’euros, dont 500 milliards sous forme de subventions, donc de fonds qui ne seraient pas remboursés par les Etats bénéficiaires. "C’est quelque chose de complètement inédit, selon Olivier Costa. L’Union Européenne qui créé de la dette à grande échelle pour aider tous les pays, ça ne s’est jamais vu." La chancelière allemande, Angela Merkel, qui assure la présidence tournante de l’Union Européenne depuis le 1er juillet, devra convaincre tous les pays si elle veut que ce plan soit adopté. Pour le directeur du CRNS, "il s’agit d’un véritable enjeu pour la chancelière ; il faut qu’elle ait bouclé ce dossier avant la fin de la présidence allemande, soit fin 2020".
L’homme à convaincre durant ce sommet sera surtout Mark Rutte, le Premier ministre néerlandais. Il aurait été à l'origine du premier échec d’accord entre les Vingt-sept, durant le sommet de février. "Chaque pays veut essayer de conserver une place forte durant ce débat et a des intérêts à défendre, rappelle Olivier Costa. Il est donc normal que ce soit difficile de convaincre tout le monde." D'autant que le Premier ministre néerlandais a d'ores et déjà prévenu qu'il souhaitait que ce plan de relance soit validé à l’unanimité. Et, pour qu’il soit en accord avec ce programme d’aide, plusieurs conditions devront être respectées : Mark Rutte demande, notamment, à ce que la notion de "subvention" soit revue pour que le prêt soit favorisé, ce qui obligerait les pays bénéficiaires à rembourser leur dette.
Les négociations s'annoncent donc compliquées. Mais Emmanuel Macron s'est montré optimiste : le président français estime qu'un accord pourrait être conclu dans le week-end, si les choses avancent correctement. Son homologue allemande, en revanche, demeure plus sceptique. Quoi qu'il en soit, pour Olivier Costa, une absence de compromis ne serait pas nécessairement un échec : "On sait qu’en matière européenne, les choses ne se décident pas aussi facilement, précise-t-il. Mais si on arrivait à une unité autour d’un plan inédit, on relancerait l’intégration européenne dans un projet de solidarité."
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