Une délégation des évêques de France a effectué du 9 au 13 avril 2024 une visite officielle en Egypte. Un déplacement pour marquer l’amitié de l’épiscopat à l’égard des communautés chrétiennes du pays.
Après le Liban en 2022 et l'Irak l'an dernier, ce déplacement est le troisième de l'épiscopat français auprès des Églises orientales.
Avec 10 millions de fidèles, l'Égypte représente la communauté chrétienne la plus importante du Proche-Orient. Sur ces 10 millions, 300 000 font partie de l'Église catholique, une église ancrée sur le terrain. Au cours de leurs 5 jours de visite, la délégation d'évêques français a pu visiter des écoles tenues par des congrégations religieuses, des paroisses, ils ont rencontré les évêques catholiques. L'occasion de rappeler le soutien de l'Église de France et l'importance du maintien d'une présence chrétienne dans la région. Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris et ordinaire des catholiques orientaux en France, faisait partie de cette délégation. Pour lui, “les écoles catholiques qui accueillent des catholiques et des musulmans sont très fortement porteuses d'une éducation au respect mutuel." Mgr Ulrich explique que "cette façon de vivre et d'accueillir avec respect les autres en ce qu'ils sont, d'accueillir dans des écoles catholiques des personnes d'autres religions, sans oublier de vivre et de pratiquer notre propre christianisme, a retenu notre attention”. Mgr Ulrich a été marqué également par “l’esprit de communion qui caractérise les églises catholiques orientales d’Egypte.”
Sur le plan des libertés religieuses, l'arrivée des Frères musulmans au pouvoir en 2012 avait été très lourde de conséquences pour les coptes d'Egypte, cibles d'attaques meurtrières, mais depuis dix ans, la situation semble progresser en Egypte. “Les chrétiens, les catholiques nous ont dit, combien la période paraissait aujourd'hui beaucoup plus facile, notamment dans les relations avec l'État”, témoigne Mgr Ulrich.
D’une façon générale, les chrétiens peuvent exercer au grand jour leur pratique chrétienne. L'État réserve toujours un lieu pour que les églises chrétiennes puissent s'installer, construire des églises catholiques et des églises orthodoxes dans les nouveaux quartiers.
Alors que l'Égypte fait face à une grave crise économique, l'inquiétude est montée d'un cran après l'attaque du Hamas sur Israël et la reprise du conflit israélo-palestinien le 7 octobre dernier. Un conflit dont "l'impact a été considérable" reconnaît l'archevêque de Reims et président de l'épiscopat, Mgr Éric de Moulin-Beaufort.
D’octobre à décembre, la solidarité avec le peuple palestinien a été très forte de la part de la population égyptienne. Dans le même temps, la population ne veut pas avoir à accueillir les Palestiniens ni que l'Egypte puisse servir de porte de sortie pour des Palestiniens qu'Israël pousserait au dehors.
Les évêques français ont par ailleurs été reçus en audience par le patriarche de l'église orthodoxe, Tawadros II. Le patriarche d'Alexandrie, qui il y a quelques semaines a annoncé suspendre le dialogue théologique avec l'Église catholique en raison de la publication par le pape François de Fiducia Supplicans, un document autorisant la bénédiction des couples homosexuels. Mais pour Mgr Éric de Moulin-Beaufort ce n’était pas le sujet de la rencontre avec Tawadros II. “Nous venons en Égypte rencontrer les chrétiens d'Égypte. Il y a certes les coptes catholiques mais les coptes orthodoxes sont de loin beaucoup plus nombreux." dit-il. “Par ailleurs, il y a en France des communautés coptes, notamment orthodoxes, qui grossissent. Pour toutes ces raisons, il était normal que nous demandions cette audience.”
Lors de ce déplacement en Égypte, les évêques de France étaient notamment accompagnés de Mgr Pascal Gollnisch, le directeur de l'œuvre d'Orient. L'œuvre d'Orient est le fonds des écoles d'Orient qui aident les chrétiens d'Égypte en soutenant les établissements scolaires et des œuvres sociales.
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