Voilà un mot extrêmement répandu, l’université. Au cœur de chaque réforme et depuis que je suis rentré dans l’Éducation nationale comme surveillant à 19 ans, j’ai tout le temps vécu à l’aune de réformes universitaires. Et en fait, c’est normal, c’est un maillon important et il lui faut s’adapter en permanence, d’où des réformes, des succès, des échecs. Et ce nom particulier, « université », auquel on ne réfléchit pas toujours.
On pourrait croire que l'origine de ce mot est proche de celle du mot universel… C’est ce que croyait par exemple Maurice De La Porte, auteur d’un dictionnaire d’épithètes en 1571, à la recherche d’adjectifs pour un certain nombre de mots, dont Université. Et le voilà par exemple qualifiant l’Université, en cette période de Renaissance, d’Université « lettrée, studieuse, docte, parisienne, fréquente, noble, disciplinaire […], rectorale, populeuse, célèbre », et d’ajouter qu’elle est ainsi appelée « parce qu’il y a des gens doctes aux disciplines universelles », et que « de toutes parts on y abonde ». C’est là où il se trompe, parce qu’en fait, le mot « université », n’est pas à rapprocher d’universel, même si ce ne serait pas absurde.
En fait, il faut rapprocher université du mot « un », parce que l’Université est « une » c’est-à-dire un ensemble formant un tout. Elle tire en effet son nom du latin classique universitas, dérivé direct de universus signifiant « tout entier, considéré dans un ensemble ». On y repère en effet le radial uni, un, et versus qui vient de « vertere », tourner, à la manière d’un univers clos. En bas latin le mot désigna une corporation, une communauté, puis en latin médiéval toute collectivité religieuse, politique, sociale ou professionnelle. Ainsi, au XIIe et XIIIe siècles, l’assemblée de religieux, de chanoines réunis pour écouter la lecture d’un chapitre pouvait être présenté comme une université, tout comme l’ensemble des habitants d’une ville, ou une société d’artisans.
Le mot université a pris son sens moderne presque au même moment puisqu’existait la formule « universitas magistrorum et scolarium », corporation de maître et d’étudiants, attestée dans une lettre du pape Innocent III, en 1208. En fait, le mot « Université » résulte d’une abréviation ! Dans le fond la devise de l’Université compte tenu de son étymologie devrait être « un pour tous, tous pour un » !
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