En 2023, les liquidations judiciaires ont augmenté de 34% en Vendée. Un phénomène qui s’explique grandement par “le ras le bol des chefs d’entreprises” selon Bernard Pontreau, président du tribunal de commerce de la Roche-sur-Yon.
C’est l’un des indicateurs de la santé économique de notre département : les résultats du tribunal de commerce pour l’année 2023. En Vendée, ces derniers sont mitigés : les liquidations judiciaires ont augmenté de 34% l’année dernière.
“Nous sommes à 426 dépôts de bilan, contre 317 en 2022” explique Bernard Pontreau, président du tribunal de commerce de la Roche-sur-Yon. Si l’insuffisance de trésorerie explique certains cas, pour au moins une centaine de dépôt de bilan, la cause est tout autre : “Les chefs d’entreprises en ont ras le bol. Ils sont épuisés par la gestion des salariés, la fluctuation des achats de matières premières…” raconte Bernard Pontreau. “Certains sont tellement découragés qu’ils préfèrent liquider, oublier, et partir sur autre chose”.
Paradoxalement, plus de dépôts de bilan en 2023 comparé à l’année précédente ne veut pas dire plus de salariés placés au chômage : “On a 733 salariés mis au chômage en 2023, contre 762 en 2022.” Raison : la taille des entreprises concernées : “Les dépôts de bilan concernent des plus petites entreprises qu’en 2022, avec moins de salariés arrêtés.”
Dans cette situation, certains secteurs en pâtissent plus que d’autres. Le bâtiment, notamment, est très touché : “Les pavillonneurs, les maîtres d'ouvrages n’ont plus beaucoup de travail.”
Pour 2024, certains ont des contrats signés jusqu’en juin, puis plus rien : “Qui dit aucun plan pour après, dit pas de devis, pas de travail… Cette année 2024 me semble mal engagée.” regrette Bernard Pontreau, président du tribunal de commerce depuis 18 ans.
En cause l’inflation, les taux d’intérêts… “Un jeune couple ne peut pas investir dans son pavillon par manque de financement. Et les banques aujourd’hui sont de plus en plus frileuses... Elles demandent des apports de plus en plus importants”.
Et pour 2024, l’avenir ne semble pas plus radieux : “Je prévois un premier semestre douloureux”.
Difficultés en plus à gérer pour les entreprises cette année : les aides mises en place pendant la période du Covid arrivent à leur terme. Ajoutez à cela les dettes d’Etat gelées jusqu’alors, notamment de l'URSSAF et de la TVA, que les chefs d’entreprises doivent désormais régler. “On leur demande de payer les charges d’aujourd’hui, plus celles qui ne sont pas payées depuis 2020.”
Selon Bernard Pontreau : “Cela va provoquer des dépôts de bilan. De 426 cette année, on passera peut-être à 500 en 2024.”
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