Le Pape François appelle depuis 2015 et la publication de l'encyclique Laudato Si à une véritable conversion. Des chrétiens sont déjà engagés dans cette voie afin de repenser le monde en prenant soin du vivant, tout en portant attention aux plus fragiles. Ils agissent dans tous les domaines, économique, social et politique. Rencontre avec ces acteurs en Savoie.
Echanges avec trois acteurs de la transition écologique et sociale : Agnès Duisit du CCFD Terre Solidaire, Hervé Lecoq, président de la Cantine Savoyarde et Martin Lesage, fondateur de Citiz Alpes et responsable national du MCC, le Mouvement Chrétien des Cadres et dirigeants, avec sa femme Cécile.
A quoi pensez-vous lorsque vous entendez transition écologique et sociale ?
Martin Lesage : Je ramais depuis 8 ans dans cette transition écologique et en 2015, j'ai découvert les deux encycliques du pape François, Laudato Si et Fratelli Tutti qui, pour moi, sont une mise à jour de la doctrine sociale de l'Eglise. Elles ont donner un nouvel élan dans les engagements que j'avais. Notre responsabilité, c'est de marier l'écologique et le social.
Agnès Duisit : Pour moi, c'est le passage d'un mode de vie insouciant et consumériste à la conscience de la fragilité. Tout est lié est mon Leitmotiv.
Hervé Lecoq : C'est le terme de transition que je retiens. Quel monde de demain voulons-nous et pouvons-nous construire pour que l'Homme et la nature aient leur place ?
Quels sont vos engagements ?
HL : J'étais directeur des ressources humaines, au moment de ma retraite, je me suis engagé au Secours Catholique dans une équipe d'aide au retour à l'emploi. Puis dans l'association de sauvegarde de l'enfance. Aujourd'hui, je suis le nouveau président de la Cantine Savoyarde qui sert 130 000 repas par an au plus démunis sans condition. Nous avons aussi à coeur la lutte anti-gaspillage en travaillant avec des partenaires comme l'hôpital, les écoles ou encore des grandes surfaces pour éviter que de la nourriture soit jetée.
ML : Je suis ingénieur de formation, j'ai travaillé pour des grands groupes et dans les années 2 000 je suis arrivé avec ma famille à Chambéry. Là nous avons tenté l'expérience d'une entreprise d'insertion dans la continuité d'ATD quart Monde que nous fréquentions étudiants avec ma femme mais ça n'a pas marché. En 2007, la question de la transition environnementale s'est peu à peu affirmée comme sens à mon travail. Aussi, j'ai lancé Citiz, un réseau d'autopartage de voiture. C'est une coopérative d'intérêts collectifs et je suis le chef d'orchestre. Sans les autres, je ne peux rien faire.
AD : J'ai découvert le CCFD dans les années 80 avec les courses "Terre d'avenir". En 2016, je me suis engagée dans l'association au niveau diocésain. Je me retrouve dans le combat des petits paysans qui sont nos partenaires.
Qu'attendez-vous de la COP28 ?
HL : C'est peut-être une grand messe, mais cette rencontre a le mérite d'exister et de permettre aux différents pays d'échanger .
ML : J'étais à la COP 21, j'ai eu la chance de vivre dans cette ambiance d'euphorie ! De grands espoirs sont nés et pas tout à fait retombés, malheureusement, nous ne sommes pas allés assez loin, assez vite. Nos politiques n'ont pas le courage qu'il faut. Mais on a une action politique à mener nous aussi ! J'ai un petit engagement municipal, je m'occupe en apportant ma compétence. Il faut accepter un changement de regard sur les politiques et changer nos trains de vie. La sobriété, c'est pour tout le monde !
AD : On reste dans l'entre-soi dans ces COP. J'attends des gouvernants qu'ils soient prophétiques ! Qu'ils nous expliquent pourquoi c'est pour tous qu'il faut aller vers la sobriété.
Quelle est la place de la foi dans votre engagement ?
AD : C'est grâce à l'Eglise que j'ai découvert la solidarité et l'écologie. La doctrine sociale de l'Eglise a été une révélation pour moi, cet engagement dans la cité m'a rejoint. C'est essentiel d'ancrer l'Evangile dans la vie du monde !
ML : J'ai une foi profonde qui me nourrit tous les jours, dans ma vie d'équipe au MCC, dans ma vie de couple. Elle m'invite à discerner avec l'esprit et avec les autres.
HL: Je n'y arrive pas sans l'esprit qui souffle, sans la foi qui se construit peu à peu. J'aime bien la formule : "On ne peut pas servir sans célébrer et célébrer sans servir."
Chaque week-end, après avoir passé en revue l'actualité chrétienne de la semaine et l'agenda des rendez-vous à venir, Anne-Charlotte de Becdelièvre ouvre la discussion en donnant la parole aux chrétiens qui s'engagent près de chez vous. Un temps pour s'informer, réfléchir, approfondir et échanger. Diffusions en FM : samedi à 9h03 et dimanche à 17h.
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