Les violences faites aux élus progressent. Le président de l’Association des Maires du Nord, Bernard Gérard, lui-même victime d'actes malveillants répond aux questions de la rédaction. Alors qu’une proposition de loi sur la protection des élus est débattue à l’Assemblée depuis le mercredi 31 janvier.
Vous êtes le maire de Marcq-en-Barœul et vous avez subi le sabotage de votre véhicule. Avez-vous une idée de pourquoi vous avez été la cible de cet acte malveillant ?
Bernard Gérard : Non c'est l'enquête qui je l'espère un jour établira la vérité. Mais au-delà de l’événement en lui-même, c’est effectivement le problème des violences faites à beaucoup d’élus qui se pose à travers de ce qui m’est arrivé.
Vous avez affirmé qu’un nouveau cap avait été franchi, constatez-vous des violences de plus en plus récurrentes sur les élus locaux du département ?
B.G. : C'est un problème national dont on a beaucoup parlé lors du congrès des maires de France. Mais depuis que mon cas a été rendu publique, la parole s’est libérée. Je pense que de très nombreux élus n’osaient pas parler. L’un a vu sa voiture griffée, un autre m’a indiqué qu’on avait tiré à la carabine sur sa porte. Ce sont des faits qu’on n’imaginait pas, peut-être qu’on n’en parlait pas par le passé. En tout cas on a le sentiment qu’un cap a été franchi alors que nous sommes les garants de la république, les garants du vivre ensemble. En dépit de nos différences, qu’elle soit sociologique, religieuse ou professionnelle. Il faut qu’il y ait un sursaut de citoyenneté pour que notre pays reste le pays du vivre ensemble.
Comment expliquez-vous cette hausse des violences ?
B.G. : Je crois qu’un certain nombre de personnes ont perdu toute notion du dialogue. C’est une véritable richesse de se dire que l’on a pas tous la même approche. Je suis maire depuis 2001 et je n’ai jamais connu un épisode comme celui-là, même si le combat politique est parfois rude. J’avoue être incrédule devant une telle situation, mais il faut aussi savoir regarder vers l’avenir. Il n’y a rien de plus beau que de se dire qu’on va être élu et consacrer quelques années de sa vie à travailler ensemble au bien commun.
Vous parlez d’un combat politique, d’avenir, de démocratie, une proposition de loi a été votée par le Sénat. Elle est débattue depuis le 31 janvier à l’Assemblée nationale. Qu’attendez-vous de ce texte ?
B.G. : J’attends qu’on se positionne et que l’on dise que c’est inadmissible d’attaquer des élus, comme c’est inadmissible de s’attaquer aux forces de l’ordre, ou de s’attaquer aux pompiers et de ne pas compliquer la vie des élus. Il faut leur simplifier la vie, leur clarifier et que les outils législatifs soient mis à disposition à la fois des forces de l’ordre et de la justice.
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