C'est programmé ce lundi, sur Arte, alors c’est pour les couche-tard malheureusement, il est prévu à 23h55 ! Mais ça vaut le coup de veiller, c’est un des premiers films de cet immense réalisateur d’origine grecque, qui a marqué l’histoire d’Hollywood par son style, qu’on retrouve ici - épique et lyrique, et par sa direction d’acteurs aussi – où tous les corps et les sentiments sont magnifiés. Rappelons que c’est lui, Elia Kazan, qui a fondé l’Actors Studio. Et dans le film, c'est Marlon Brando qui joue le rôle du révolutionnaire qui va prendre les armes pour s'opposer au dictateur en place et rendre leur terre aux paysans. Voilà alors le film est avant tout très romanesque, avec de l’amour, de la jalousie, de l’ambition, des trahisons, – je vous recommande rien que la bande annonce, c’est vraiment toute une époque ! Mais le scénario, écrit par John Steinbeck, lui est beaucoup plus subtil et intemporel. Certes il exalte le combat pour la liberté mais il pose aussi la question éthique et politique du pouvoir : comment rester fidèle à ses idéaux ? comment instaurer la paix quand on l’a obtenue par la guerre ? C’est ce qui a motivé Elia Kazan dans ce projet. Le film en cela n’est pas du tout hagiographique ni manichéen, il aborde au contraire toute la difficulté de gouverner, qui est un art bien plus complexe que celui de se battre.
Cette semaine, se déroulait le Cinélatino de Toulouse, bien sûr tous les événements prévus sur place ont malheureusement été annulés avec le confinement. Mais les organisateurs ont réussi à maintenir la Compétition de films et la tenue des jurys, dont notre jury SIGNIS qui récompense deux documentaires pour leur valeur artistique et spirituelle. Le palmarès sera dévoilé demain mais je vous encourage à aller voir les films sélectionnés. Ils sont tous remarquables et accessibles jusqu’à vendredi -pour 1€- sur la plateforme TENK (T.E.N.K).fr dont notre ami Claude Carrez nous parlait avec passion chaque samedi. On y découvre un passionnant état des lieux du continent sud-américain. Et j’en profite ici Stéphanie pour soutenir plus largement tout le travail éditorial fait autour du documentaire d’auteur. C’est le seul genre audiovisuel aujourd’hui qui montre le « réel » en revendiquant une subjectivité du regard. Et il est absolument nécessaire à la compréhension du monde, aux côtés de genres plus classiques que sont la fiction ou le reportage.
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