Les Etats Généraux de l'Alimentation n'ont donc pas permis de calmer les inquiétudes du monde agricole. Le projet de loi issu de ces Etats Généraux doit permettre aux agriculteurs d'être rémunérés sur la base de leurs coûts de production, et impose à la grande distribution un encadrement des promotions et des ventes à perte. Mais en attendant cette loi, les négociations commerciales demeurent difficiles.
Autre sujet d'inquiétude pour les agriculteurs, c'est la révision annoncée de la carte des zones défavorisées. Un statut vital pour certains territoires. Ce statut permet aux agriculteurs et éleveurs installés dans ces endroits soumis à des contraintes naturelles comme le climat ou la mauvaise productivité de la terre, de percevoir des aides de l'Union européenne, qui représentent parfois jusqu'à 60 % de leur revenu annuel. Pas moins de 1 400 communes devraient sortir de ce dispositif. Ce qui inquiète les agriculteurs dans les départements français qui seraient les plus touchés.
Pour se faire entendre, les agriculteursse sont mobilisés ces dernières semaines. Des blocages routiers, du lisier déversé, et même des villages mis en vente sur le site Le bon coin... Les agriculteurs de la Piège, une région du Sud-Ouest, risquent ainsi de perdre beaucoup avec cette réforme. Et les maires de leurs communes ont décidé d'apporter leur soutien au collectif 'Vive la Piège', composé de 80 agriculteurs pour protester contre leur exclusion de la nouvelle carte.
Malgré cette situation délicate, ils ont choisi l'humour pour se faire entendre. Plusieurs petites communes de La Piège, Saint-Julien de Briola, Fanjeaux, Orsans pour ne citer qu'elles, sont désormais en vente sur le site le Bon Coin. Aucun prix n'est indiqué, si ce n'est que les annonces se terminent toutes par cette mention: 'pour le prix, s'adresser à: Mr Travert Stéphane, Ministre de l'Agriculture'.
Face à cela, l'exécutif joue la carte de la séduction. A deux jours de l'ouverture du Salon de l'agriculture, Emmanuel Macron va donc rencontrer plusieurs jeunes agriculteurs. Ces deniers ont été choisis par les préfets. Pour l'Elysée, cette 'génération Y de l'agriculture devra relever l'ambition de faire de la France le pays où on mange le mieux, le plus sainement et le plus durablement'. Cette rencontre aura lieu à la mi-journée. Et elle aura pour objet avant tout de déminer la visite d'Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture, la première depuis son élection en mai dernier.
Concernant la carte des zones agricoles défavorisées, le tracé définitif ne sera pas dévoilé avant la validation par la Commission à Bruxelles au printemps prochain. On sait qu'environ 1400 communes devraient sortir de ce zonage. Ce qui ne pénalisera pas tous les agriculteurs de France.
C'est donc l'Union européenne qui a demandé à la France de revoir la carte actuelle de ces zones. Dans l'hypothèse de travail actuelle du ministère, près de 60 000 agriculteurs pourraient bénéficier de cette aide au 1er janvier 2019 contre environ 52 500 aujourd'hui, soit une augmentation de 13 %.
Mais, toujours selon le ministère, certains départements posent problème comme le Gers, l'Indre-et-Loire, l'Aveyron ou les Deux-Sèvres, qui risquent d'être les plus grands perdants de cette réforme. Des départements où l'agriculture occupe une grande place. Ainsi, dans le Cher, 140 communes, d'après les simulations, pourraient sortir des zones défavorisées. Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, reconnaît à ce sujet que certains agriculteurs 'perdront de l'argent'. Mais a promis qu'il ne 'laissera pas tomber' les personnes concernées.
Une actualité qui pose une fois encore la question de l'avenir des agriculteurs. L'agriculture est un véritable enjeu économique et social pour la France. Il y a des solutions et notamment l'innovation : aux filières de s'adapter. C'est ce qu'explique Jean-Marc Touzard, directeur de recherche à l'INRA, l'institut national de la recherche agronomique. Pour lui, le monde agricole a aujourd'hui deux visages.
A noter que des négociations sont en cours entre l'Union européenne et les quatre pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) et l'éventuel relèvement du contingent d'importation de viande bovine de ces pays inquiète en particulier les éleveurs bovins. Un sujet qui pourrait être abordé par Emmanuel Macron aujourd'hui lors de la rencontre avec les jeunes agriculteurs.
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