C’est une profession qui a crié sa colère le 5 octobre dernier dans la rue. Les orthophonistes dénoncent des salaires insuffisants pour leur niveau d’étude, un manque de personnel, un manque de perspectives, et une sélection trop restrictive dans les écoles alors que les besoins en orthophonistes sont forts. C’est l’occasion de parler de cette profession. Quel est son rôle, ses compétences et quand faut-il faire consulter son enfant ?
Né en 1828, l’orthophonie (ortho pour droit, phonie pour la parole) a d’abord pour but le redressement de la parole et notamment du bégaiement. Ce métier possède un diplôme national depuis 1964.
Les orthophonistes sont soit libérales, soit salariées dans les hôpitaux ou les centres médicaux sociaux. Ce métier est très féminin avec un taux de 95% de femmes dans ses rangs.
Si les orthophonistes agissent aussi auprès des adultes, pour des troubles neurologiques, des traumas crânien ou des cancers ORL, elles sont plus particulièrement connues pour aider les enfants. Leurs actions dépassent aujourd’hui le simple traitement des troubles de la parole.
Chez les bébés
Les parents pensent souvent que les orthophonistes n’agissent que pour les enfants qui parlent déjà et on des difficultés de prononciations. Mais leurs actions sont beaucoup plus larges, elle traitent aussi des troubles de l’oralité, et ce dès le plus jeune âge. Laurence Poyer-Grando, présidente de l’URPS PACA Orthophonistes, nous décrit les différentes raison de consulter avant un an :
A la naissance ou dans les premières semaines, il peut y avoir des difficultés de succion, un enfant qui s’alimente peu, et puis on peut se rendre compte que notre enfant ne nous regarde pas quand on lui parle ou ne réagit pas au bruit. Il va aussi y avoir un enfant qui peut être apathique. Là on est vraiment sur le tout petit âge, 3 - 6 mois. Et puis après il va y avoir l’apparition du babillage, on peut repérer un souci d’audition ou un trouble de la communication.
Les premiers repas aussi peuvent aussi être compliqués parfois :
Il peut y avoir des troubles de l’oralité : l’enfant qui va avoir des hauts-le cœur ou vomir quand il veut manger, qui a difficultés lors du passage à la cuillère par exemple. C’est souvent lié à une hyper sensibilité au niveau de la bouche, donc il y a tout un travail de réassurance, d’aider à l’enfant à mieux connaître sa bouche.
Chez les enfants
L’enfant va ensuite mettre en place le langage, et les orthophonistes vont pouvoir les aider en cas de difficulté :
Le bégaiement, la mise en place du langage, l’enfant qui met du temps à construire des phrases. Les enfants n’évoluent pas tous à la même vitesse (…) L’enfant n’est pas que langage. Dès fois, on va se retrouver avec des enfants qui vont beaucoup parler, et puis d’autres enfants vont développer d’abord leur motricité puis le langage. L’orthophoniste à ce moment-là peut servir de repère quand les parents s’inquiètent.
En revanche, Laurence Poyer-Grando met en garde contre un réflexe un peu rapide des enseignants :
Les professeurs des écoles ont tendance à envoyer assez rapidement l’enfant chez l’orthophoniste dès qu’il y a quelques difficultés par exemple sur l’apprentissage de la lecture. Nous ne sommes pas des supers profs, nous sommes des professionnels de santé.
Il peut aussi y avoir des troubles de la voix : l’enfant qui crie beaucoup et s'abîme les cordes vocales. Dans ce cas-là, il s’agit de lui réapprendre à utiliser sa voix.
Si vous avez des doutes, le site Allo ortho propose des articles sur l’évolution de l’enfant et les difficultés qu’il peuvent rencontrer.
Une consultation chez l’orthophoniste se fait sur prescription de votre médecin traitant. Elle est remboursée.
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