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Isabelle Filliozat : "les neurosciences nous éclairent sur l'enfant"

Un article rédigé par Maud de Bourqueney - Dialogue RCF (Aix-Marseille), le 14 octobre 2022 - Modifié le 17 juillet 2023
C'est Que du BonheurLes neurosciences au service de la petite enfance

Isabelle Filliozat, célèbre psychothérapeute, écrivaine et conférencière, adepte de la parentalité positive, était de passage à Marseille en septembre à l’occasion d’un congrès sur les neurosciences et la petite enfance. Rencontre

Isabelle Filliozat - Studio Cabrelli - PortraitIsabelle Filliozat - Studio Cabrelli - Portrait

Que se passe-t-il dans la tête d’un être humain entre 0 et 3 ans ?  « Les neurosciences nous permettent de mieux comprendre certains comportements, certaines attitudes» répond Isabelle Filliozat.

De passage à Marseille en septembre pour un Congrès sur les neurosciences et la petite enfance, cette célèbre psychothérapeute, écrivaine et conférencière est une figure de la parentalité positive. Elle a notamment contribué au rapport des milles premiers jours, qui a donné lieu à la création d’un site internet par le gouvernement français.

« Sur ce site, il y a des informations qui sont fondées scientifiquement » explique Isabelle Filliozat. Elle insiste sur le terme d’informations plutôt que de conseils. Le parent peut y puiser des explications pour mieux comprendre son enfant, connaître ses options et faire ses choix en conséquence.

Le bébé et ses millions de connexions neuronales

 « Ces mille premiers jours, ce sont des fondations, c’est dans ce moment que se construit le corps et le cerveau du bébé » décrit Isabelle Filliozat. Même si rien n’est définitif, cette période serait cruciale. « La première année, il y a plus d’un million de connexion par seconde qui se fond entre ses neurones, et tous ces neurones vont petit à petit former leur architecture » explique Isabelle Filliozat.

Cette architecture dépendrait des expériences vécues. « Les expériences adverses qui vont empêcher au cerveau de se développer : quand l’enfant est terrorisé, lorsqu’il subit des violences, est négligé, … et aussi tous les  facteurs positifs qui vont permettre à l’enfant de se développer : l’attachement, la connexion, l’exploration» détaille Isabelle Filliozat.

« On a besoin de tout un village pour élever un enfant »

Face à ce challenge, Isabelle Filliozat invite les parents à ne pas rester seuls. « Je milite pour que chaque parent soit entouré et qu’il n’y ait plus un seul parent qui soit isolé avec son enfant, c’est trop difficile » martèle Isabelle Filliozat. Elle rappelle qu’avant les parents n’étaient pas seuls, les mères étaient entourées par leur famille.

D’autant que les propres traumatismes du parent peuvent lui compliquer la tâche. Isabelle Filliozat le décrit ainsi : « sur l’imagerie cérébrale, on voit la zone du stress, la zone de l’amygdale est hyperactive, et les connexions sont fragiles avec le cerveau préfrontal qui nous permet de réguler les émotions et les impulsions violentes».

Un enjeu sociétal

 « C’est très important que nous prenions soin de toute personne qui est en contact avec un enfant : les parents, les professionnels de l’accueil, la personne qui fait le ménage, l’ASH, la personne à la cantine » détaille Isabelle Filliozat. Aux Etats-Unis, une étude montre qu’au moins 1 tiers des adultes ont subi un évènement adverse dans leur enfance, et 1 sur 8 en a subi 4.

« De plus en plus de villes dans le monde deviennent Trauma-informed City et mènent des programmes volontaires d’informations sur le trauma pour adapter l’accueil dans toutes les instances : hôpital, police, justice » décrit Isabelle Filliozat. Et les résultats sont là, selon elle : « la criminalité baisse, les prisons se vident, les enfants réussissent mieux à l’école, il y a une meilleure santé physique et psychique, les gens sont plus heureux et ils communiquent davantage. »  Un exemple à suivre ?

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