Longtemps aux antipodes la médecine occidentale parce que jugée comme trop ésotérique, la médecine traditionnelle chinoise a renversé la tendance et suscite de plus en plus l’intérêt en France et en Europe. Nombreuses sont les personnes qui ont désormais recours à cette approche qui unifie le corps et l’esprit pour soigner leurs maux. Sur quels principes s’est basée la médecine traditionnelle chinoise et en quoi peut-elle être utile à notre santé ? Réponses avec Michel Odoul, fondateur de l'Institut Français de Shiatsu et auteur de livres à ce sujet.
Cette médecine vieille d’au moins 2500 ans s’est appuyée sur une vision du monde particulière, selon laquelle l’infiniment grand et l’infiniment petit communiquent entre eux. Ainsi, parmi les éléments qui composent notre environnement, ils ont observé le ciel qui est à la fois léger et intangible, et la terre qui est froide et tangible. « Par extension, ils ont considéré qu’il y avait partout des dimensions lourdes, pondérales ou des dimensions subtiles et légères, et que c’était par exemple le cas dans le corps humain puisque le corps physique était lourd et l’esprit lui est léger », synthétise Michel Odoul. Deux catégories se sont alors dessinées, la première appelée « Yin » en lien avec les caractéristiques de la terre, le lourd, le visible, le quantifiable ; et le « yang » désignant le non mesurable, le non vérifiable mais qui existe malgré tout.
De cette observation, et parce que les soubresauts du ciel sont souvent responsables sur terre des tempêtes, des typhons ou des tremblements de terre, les Chinois en ont déduit que « lorsque les deux pôles constitutifs de l’univers étaient en équilibre cela donnait un état d’harmonie. Ce qui, rapporté à la dimension humaine se traduisait par le fait que lorsque le corps et l’esprit étaient en harmonie, ça donnait la santé et lorsqu’ils n’étaient plus en harmonie, et bien ça donnait la maladie », poursuit le conférencier et formateur en médecines douces.
Cette réflexion s’est poursuivie jusque dans l’observation des fluides qui permettent la vie. Toujours par déduction entre macrocosme et microcosme, ils ont considéré que de la même manière que la terre est constituée de fleuves et de rivières, l’être humain devait lui aussi avoir des fluides vitaux en lui, et il s’est avéré que c’était le sang. D’après leur théorie, puisque le sang est le yin, il y a forcément un yang, autrement dit un fluide moins tangible. « C’est de là qu’a émergé le concept de l’énergie. Et c’est ce qui a conduit la médecine traditionnelle à s’occuper de ces deux pôles fondamentaux que sont le sang et l’énergie dans le corps », explique Michel Odoul.
Tout est question d’équilibre et de justesse entre cinq comportements : le juste effort, le juste repos, le juste manger, le juste penser et le juste désir. « A partir du moment où un être humain est capable d’équilibrer ces cinq besoins dans sa vie, il va être dans un état d’équilibre et le chemin de vie se passera correctement », affirme le spécialiste. La médecine traditionnelle chinoise consistera donc à éliminer les causes d’un déséquilibre entre l’esprit et le corps, en restaurant la bonne circulation des flux.
Ce peut être par exemple avec des techniques de moxibustion (une technique de stimulation par la chaleur de points d'acupuncture) ou par l’acupuncture que l’on pourrait qualifier de classique, avec des aiguilles. Toutes deux sont inscrites au patrimoine immatériel de l’Unesco et ont fait l’objet d’études scientifiques qui ont prouvé leur efficacité. C’est pourquoi certains hôpitaux, en Allemagne notamment l’utilisent pour anesthésier des patients. La preuve selon Michel Odoul, que les deux types de médecine peuvent être complémentaires.
Mais ces techniques d’acupuncture ne sont pas les seules mobilisées dans la médecine traditionnelle chinoise. L’un des fondamentaux de celle-ci est de trouver un sens à un mal-être, une maladie. Car d’après eux, « lorsque quelque chose se manifeste dans notre corps, il y a obligatoirement un lien avec les champs psycho émotionnel de l’individu », relate l’auteur de Dis moi où tu as mal, je te dirai pourquoi, aux éditions Albin Michel. Il s’agira donc de dépasser le stade du symptôme qui est un message, et de s’occuper plutôt de la cause et de la source de ce message.
Pour autant, « donner du sens, ce n’est pas ce qui guéri, en revanche c’est essentiel à la guérison », admet Michel Odoul. « En donnant du sens, la maladie qui nous frappe, a une raison d’être. A partir de ce moment-là, nous ne sommes plus une victime, nous sommes quelqu’un qui a participé à ce qui se passe », ajoute-t-il. Accepter cette idée-là, c’est donc réaliser que l’on a un pouvoir sur ce qui arrive et se redonner les moyens de reprendre les commandes. Et cela passe notamment par le fait de se réaccorder avec les cycles qui sont les cycles de vie, que sont les saisons, le jour et la nuit, mais aussi avec l’alimentation.
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