Les personnes âgées, handicapées ou en convalescence, présentent des besoins alimentaires spécifiques qui demandent des adaptations pour améliorer leur santé et leur bien-être. Charlotte Ricordeau, diététicienne-nutritionniste, nous donne ses conseils pour optimiser leur nutrition au quotidien.
Pour Charlotte Ricordeau, la dénutrition est un véritable fléau chez les seniors. Elle peut survenir à cause de facteurs comme la perte d’appétit, la difficulté à cuisiner ou simplement un manque de plaisir à manger. L'enjeu est donc de maintenir un apport calorique et nutritionnel suffisant.
Pour y remédier, la première clé repose sur les protéines. Parfois, “on n'a pas forcément très faim, donc enrichir suffisamment l'alimentation en protéines, chercher des aliments qui vont nourrir et donner suffisamment d'énergie, de force” est essentiel pour maintenir la masse musculaire, éviter les chutes et favoriser la récupération. Il faut privilégier des sources de protéines de qualité telles que la viande maigre, le poisson, les œufs, et les produits laitiers. Un fromage comme le parmesan, par exemple, est “une très bonne source de protéines et de calcium.”
Faire en sorte de mettre de la couleur sans forcément mettre trop de sel.
Mais alors quand les habitudes sont tenaces, comment faire pour enrichir un repas trop léger ? "Tout ce qui est produit laitier, c'est des formes de protéines et de matières grasses intéressantes qui vont aussi apporter un petit peu de vitamine D.” Alors ajoutons de la crème, du beurre, des carrés frais ou encore du Saint Moret ! Mais attention : les produits allégés en matière grasse, bien qu’attrayants pour leur faible apport calorique, sont souvent pauvres en vitamines essentielles.
À mesure que nous vieillissons, notre perception du goût diminue, ce qui conduit souvent à une utilisation excessive de sel. Premier réflexe à avoir : “éviter de saler sans avoir goûté.” Et pour casser l’habitude, on peut retirer la salière de la table, et la remplacer par des herbes et des épices. “Un peu de paprika, un peu de curry, des herbes aromatiques, du persil, de la ciboulette, du thym, selon les saisons”. En conclusion : “faire en sorte de mettre de la couleur sans forcément mettre trop de sel.”
La situation des personnes handicapées, qu'elles aient un handicap moteur, cognitif ou une maladie comme Alzheimer, nécessite également une attention particulière. “Certaines personnes vont manger des pâtes, et au même repas des frites et des pommes de terre, ou alors trois steaks hachés.” Le plaisir alimentaire est primordial pour les personnes handicapées, mais il faut aussi apprendre à réguler les quantités. Un excès de calories peut rapidement mener à une prise de poids, surtout pour une personne en manque de mobilité.
La ghréline, qui est l'hormone de la satiété. Elle a besoin de minimum 20 minutes pour agir et donner le message à notre cerveau : ça y est, on est bien en train de manger !
Pour faciliter la compréhension des portions, Charlotte Ricordeau suggère de rendre les repas visuels et ludiques. Par exemple, une portion de viande peut être comparée à la taille de la paume de la main. Pour les féculents, une cuillère à soupe peut suffire à expliquer la bonne quantité. Une astuce simple à mettre en place et facilement compréhensible.
Attention tout de même à ne pas négliger le plaisir dans l'alimentation. Manger doit rester un moment agréable, c’est d’autant plus vrai pour les personnes en situation de handicap. Il est donc important de rendre les repas appétissants, en choisissant des plats simples mais savoureux".
Un autre point crucial : insister sur la mastication, une étape souvent négligée mais essentielle pour une digestion efficace. “Il y a une hormone, notamment celle appelée la ghréline, qui est l'hormone de la satiété. Elle a besoin de minimum 20 minutes pour agir et donner le message à notre cerveau : ça y est, on est bien en train de manger !” Une dizaine de mastications par bouchées permettent donc d’éviter de trop manger, en plus de favoriser une meilleure digestion et une absorption optimale des nutriments.
Et pour terminer, une idée de recette facile à cuisiner : un légume (tomate, poivron ou même champignon) farci. On y ajoute du quinoa cuit précédemment et une boîte de poisson (thon, maquereau ou encore saumon). Ce plat est facile à préparer, ludique et offre une bonne source d’oméga-3 grâce au poisson, tout en étant riche en fibres et en vitamines grâce aux légumes.
Vous l’aurez compris, la clé d’une alimentation réussie pour les personnes fragiles réside dans l’adaptation des repas à leurs besoins spécifiques. Il est important de fournir des repas équilibrés, riches en protéines et en vitamines, mais également de tenir compte du plaisir de manger. L’ajout de protéines par les produits laitiers, la mastication, les bonnes portions et l’utilisation d’épices sont autant d’outils à la disposition des proches et des aidants pour améliorer considérablement le bien-être, la qualité de vie et l’autonomie de ces personnes.
Bon à savoir : Pour plus de conseils personnalisés, Charlotte Ricordeau consulte à Saint-Denis-en-Val, Fleury-les-Aubray et Saint-Jean-de-la-Ruelle.
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