Le surpoids : un phénomène qui aujourd'hui touche en France près d'un enfant sur 5. Mais quels risques déjà pour leur santé ? A partir de quel âge peut-on le détecter ? Et quel accompagnement ? Le point avec le Dr Véronique Nègre, médecin pédiatre spécialisée en nutrition au CHU de Nice et présidente de l'Apop, Association pour la Prise en charge et la Prévention de l'Obésité en pédiatrie.
"Si des enfants deviennent gros, c’est parce qu’ils mangent trop, qu’ils peuvent aussi avoir des maladies ou encore parce qu’ils sont stressés. C’est mon cas, ça m’arrive parfois." C’est le diagnostic d’Elisa, 8 ans pour expliquer les kilos en trop. Qu’en est-il réellement ? Avis d’une vraie spécialiste !
Une alimentation trop importante et déséquilibrée, principale cause d’obésité ? " C’est ce qu’on met souvent en première ligne, mais c’est loin d’être le seul facteur" précise le Dr Véronique Nègre, médecin spécialisée en nutrition. Il peut aussi y avoir des prédispositions génétiques, qui font qu’un enfant grossira plus vite que d’autres. Egalement la conséquence, plus rare, de maladies, comme des problèmes hormonaux, entrainant des retards de croissance. Le stress aussi, notamment dues à des difficultés scolaires, où l’on se réfugie dans la nourriture. Enfin l’influence du milieu culturel peut jouer, quand on considère qu’un enfant un peu rond est un enfant en bonne santé. Bref, tout un ensemble de facteurs qu’il est "fondamental de bien identifier pour pouvoir ensuite appliquer une stratégie contre cette prise de poids."
Mais comment savoir si déjà tout petit, son enfant est en risque de surpoids ? Le premier indicateur, c’est le fameux IMC, Indice de Masse Corporelle. Il se calcule par le poids divisé par la taille au carré. "Mais il n’y a pas de seuil identique pour tous les âges." souligne le médecin pédiatre, pour qui le véritable informateur reste l’évolution de la courbe de corpulence, à reporter dans le carnet de santé. "Avant un an, il est normal que le bébé soit potelé. La corpulence baisse ensuite avec la marche pour remonter jusqu’à six ans. Ce qu’on appelle le rebond d’adiposité." C’est justement vers l'âge de trois ans, si ce rebond est trop précoce, qu’il faut commencer à s’interroger, sans "inquiéter, ni stigmatiser les parents", qui hésitent souvent à consulter par crainte d’être culpabilisés. Or plus on tarde à réagir, plus il sera difficile de changer les habitudes de l’enfant.
Changer les habitudes. Oui, mais comment pour éviter que la balance ne s’emballe ? "Surtout pas de régime", estime le Dr Nègre. "La privation, c’est frustrant, excluant et contrairement à l’adulte, un enfant doit continuer sa croissance. L’objectif sera donc de pas de perdre des kilos, mais de ralentir cette prise de poids" D’où une alimentation variée, plus riche en fruits et légumes, telle que recommandée sur le site gouvernemental manger bouger.fr. Et même si elle ne fait pas maigrir, l’activité physique est une alliée de "poids" notamment contre l’essoufflement et l’asthme d’effort, fréquent quand on a du mal à se déplacer. "Depuis que je fais du sport, ces crises ont pratiquement disparu" a ainsi constaté Océane, 17 ans, en obésité de stade 1. A cela, rajoutez un sommeil suffisant et vigilance sur les écrans, qui favorisent la sédentarité "Pas d’écran avant trois ans et pas dans la chambre" rappelle la pédiatre. En somme, toute une série de mesures pour éviter plus tard de lourdes complications. Bonnes à suivre pour l’enfant, mais aussi "à plein régime" pour toute la famille !
Pour aller plus loin:
"L'enfant en surpoids" du Dr Véronique Nègre, aux éditions John Libbey
APOP, association de Prise en charge et de Prévention de l'Obésité en pédiatrie https://www.apop-france.com/
"Comment retrouver l'équilibre" un documentaire inter actif qui répond à de nombreuses questions sur l'obésité infantile Webdocumentaire pour les familles : http://surpoids-enfant.fr/
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