Quelles limites poser aujourd’hui à ses enfants ? Une question revenue dans l'actualité, suite à la polémique liée au dernier livre de la psychothérapeute Caroline Goldman "File dans ta chambre"(éditions Plon). De quoi relancer le débat entre les adeptes d’une éducation positive et bienveillante et ceux qui prônent un retour à des méthodes plus strictes.
"A la maison, il se couche quand il veut et ça finit par être épuisant" ou" j’ai vu mes petits-enfants ce week- end, ils bougeaient dans tous les sens et les parents laissaient faire."
Qui n’a pas entendu ces réflexions en se disant que décidément "Il n’y a plus d’autorité !". D’où vient ce sentiment ? Faut-il rester souple ou revenir à des méthodes plus fermes, pour le bien de l’enfant et de ses parents ? Décryptage avec Solveig Foucher, psycho praticienne et Aude, maman de deux jeunes garçons.
Pendant des décennies, l’autorité a souvent été perçue comme sévère et sans appel. Et puis l’éducation positive et bienveillante est passée par là. Inspirée par Maria Montessori au début du XXe siècle et complétée depuis par d’autres pédagogues, cette approche se base notamment sur l’observation de l’enfant, son épanouissement et la coopération dans le lien entre parents et enfants. De fait, constate Solveig Foucher, psycho praticienne, "il n’y a plus de verticalité. L’enfant a les mêmes droits que les parents, d’où le rejet de l’adultisme, cet abus de l’autorité de l’adulte sur l’enfant."
Mais cette éducation bienveillante est-elle vraiment synonyme de laxisme ? Pas pour Aude, maman de deux enfants de 11 et 8 ans, qui l’a testée avec succès pour le premier, moins pour le deuxième. En tout cas, dans ses principes fondateurs, "cette démarche n’a jamais prôné le non-cadre et ne pas en fixer pourrait même être une forme de malveillance, qui ne tiendrait pas compte des besoins de l’enfant ", que ce soit pour sa nourriture, son sommeil ou sa sécurité. D’où la nécessité d’établir des règles, de les anticiper pour que l’enfant soit prévenu.
Faut-il les fixer avec le consentement de l’enfant pour qu’il y adhère ? "Non, c’est le rôle des parents et pas des enfants. Mais on peut expliquer ces limites, les adapter, bref, garder l’esprit ouvert" estime Sloveig Foucher
Mais que faire quand l’enfant dépasse justement les bornes ? C’est là où intervient le débat sur le "time in " ou le "time out" qui a cristallisé la polémique. "Time out", soit mettre l’enfant à l’écart pour qu’il se calme. C’est l'idée de "File dans ta chambre" le titre du livre de Caroline Goldman.
"Time in", au contraire, c’est garder le contact avec lui, voir le prendre dans ses bras, une attitude jugée moins stigmatisante. Difficile à tenir, quand l’enfant explose de colère. Pour autant, "le time out ne doit pas être non plus systématique à la moindre incartade" estime Solveig Foucher. Quant à la fameuse fessée, "il faut faire la différence entre un parent maltraitant et celui qui craquerait occasionnellement" souligne la psycho praticienne. Reste une certitude : aimer son enfant, c’est aussi savoir lui dire non. Et il ne vous en aimera pas moins par la suite !
Pour aller plus loin:
" Je me mets à l’éducation positive" de Véronique Maciejack, coach parental, aux éditions Eyrolles. Des activités et des exercices sans répression ni laxisme pour que chacun trouve sa place.
"100 idées pour éviter les punitions", de Marie Costa, coach parental et publié chez Tom Pouss
Egalement un dossier très bien fait dans le numéro de "Parent magazine" de Septembre 2023 " Education bienveillante en crise : qu’est-ce qu’il faut garder, qu’est-ce qu’on peut jeter ?"
Pour celles et ceux qui voudraient revenir aux sources de l’éducation positive "La discipline positive" de Jane Nelsen , paru aux éditions du Toucan.
Enfin "Manuel à l’intention des parents qui voudraient avoir de l’autorité mais qui ne savent pas comment" de Solveig Foucher publié chez Eyrolles.
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