Dans cette chronique, Hilaire Bodin rappelle l’histoire et la nécessité de la semaine bleue.
Hilaire, Vous intitulez cette nouvelle chronique « la semaine bleue c’est la semaine des vieux ». De quoi voulez-vous parler ? Vous savez Auberi, les causes qui méritent qu’on les médiatise sont nombreuses, c’est pour cela que nos politiques ont inventés les journées et les semaines internationales ou nationales. Par exemple le 8 Mars est la journée internationale de lutte des femmes pour l’égalité des droits. C’est un combat titanesque qui mérite qu’on lui consacre une journée. C’est peut-être le jour ou votre mari s’occupe de tout à la maison ? En France, il existe plus de 50 journées thématiques plus ou moins importantes et parfois un peu farfelues. Par exemple le 21 janvier, c’est la journée nationale des câlins, par contre nous avons la très officielle fête du travail le 1er Mai . Et que fête-t-on le 28 Juillet ? C’est la fête nationale de la beauté, de la vertu et de l’intelligence. Si vous souhaitez être fêtée, ce jour-là, il vous faudra informer vos collègues de RCF et vos proches ! plus sérieusement, il existe aussi des semaines nationales ? Les semaines nationales sont moins nombreuses, nous connaissons la semaine nationale de lutte contre le cancer en Mars et la semaine mondiale d’action pour l’éducation qui mobilise nos enfants contre le racisme en fin avril. La semaine bleue , elle, se déroule chaque année la 1ére semaine d’Octobre. En 2021 , ça fera 70 ans qu’elle existe ou plutôt qu’un temps calendaire annuel est officiellement consacré à la question de la vieillesse. En 1951, soit 6 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, le ministère de la santé public avait institué la journée des vieillards. A cette époque beaucoup de vieux étaient en situation « d’économiquement faible » comme on les appelait à l’époque. La journée des vieillards était le jour de la quête pour les nécessiteux. Avec le temps et l’amélioration sensible des retraites, les quêtes furent remplacées par des actions favorisant « le vivre ensemble ». A partir des années 70, la journée se transformera en semaine des vieillards pour devenir en 1980 la semaine nationale des retraités et des personnes âgées et enfin depuis les années 1990 notre actuelle « semaine bleue ». Pourquoi ces évolutions sémantiques en fin du siècle dernier ? La modernité de la fin du XXème siècle a surtout mis en valeur la jeunesse et la nouveauté, enfin tout ce qui brille. Les vieillards, eux, ne brillent pas et ne sont pas dans l’air du temps des 30 glorieuses, ainsi ils deviennent des personnes âgées. La vieillesse n’a pas la côte non plus elle deviendra le troisième âge. Néanmoins, les jeunes retraités, ceux qui renvoient une image plus dynamique, donc acceptable seront qualifiés de seniors. Tout cela traduit le malaise de notre société vis-à-vis de la vieillesse. Le ministère des solidarités et de la santé, à défaut de consacrer des moyens nous consacre du temps en assurant le patronage de la semaine bleue qui a pour slogan « 365 jours pour agir 7 jours pour le dire ». Je reconnais que c’est aussi à nous les vieux de prendre notre destinée en main et le slogan me convient. A propos, vous aviez entendu parlé de la semaine bleue ? Mais que fait-on exactement pendant cette semaine ? La thématique nationale de l’année 2021 était la suivante : « Ensemble, bien dans son âge, bien dans son territoire ». Cette thématique part du constat suivant : l’immense majorité des vieux désirent rester dans leur habitation en lien avec leur quartier, leur village, leurs amis et leur famille. Pour cela l’autonomie physique est essentielle, ainsi pendant la semaine des marches bleues ont été organisées dans toute la France. Vous connaissez des actions réalisez en Sarthe ? Oui, dans le cadre de la semaine bleue, Lucienne 82 ans et 9 autres octogénaires Fléchois ont participés à une journée de remise à jour du code de la route, les organisateurs leur ont donnés des exercices de terrain. Par exemple : comment rejoindre le parking rue du Parc quand on est sur la voie de droite ? Elle me dit : Tu sais, Hilaire sans ce stage, j’aurais fini par laisser ma voiture au garage. Mais comment aller voir mes enfants qui habitent au Mans ? Alors la semaine bleue est utile pour les vieux ? Tout ce qui contribue à maintenir notre autonomie est bon pour notre moral. Vieux, nous craignons avant tout la dépendance. Arrivé à un certain âge, c’est une préoccupation quotidienne et une angoisse pour notre futur. En effet, demain, nous ne voulons pas être un souci ou une charge pour nos enfants, eux-mêmes préoccupés par l’avenir de leurs propres enfants. Pour moi, être bien dans son âge et bien dans son territoire nécessite de : Se soucier de notre condition physique, marcher, faire de l’exercice, entretenir le contact avec nos voisins, nos amis, nos enfants. Nous intéresser à l’actualité afin de rester des citoyens engagés. Nous avons le temps, apprenons à nous servir des outils numériques, vivons au cœur de notre époque, écoutons ce monde en mouvement, faisons confiance aux générations qui montent pour embellir la terre, vivons dans l’espérance et notre vie sera emplie de joie. |
Chaque semaine, Hilaire Bodin nous offre une réflexion tendre et parfois caustique sur le statut de retraité et la place des anciens dans notre société.
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