On s’intéresse pendant quelques semaines aux liens entre environnement et santé mentale. Retrouvons Sandrine Broutin, de l'Œuvre Falret pour cette chronique "Folie ordinaire - Agir pour notre santé mentale".
Nous parlons cette fois de notre environnement immédiat : le logement. Lui aussi a des effets directs, et même majeurs sur notre santé et nos vies. Si regarde la pyramide de Maslow, cette représentation de la hiérarchie des besoins humains, le besoin de sécurité y est placé en bas de la pyramide, parmi les besoins fondamentaux. Pour bien vivre, il nous faut un environnement stable et prévisible.
En France, quatre millions de personnes sont mal logées selon la Fondation Abbé-Pierre. Cela concerne les personnes privées de domicile personnel et celles qui vivent dans des conditions de logement très difficiles (privées de confort, insalubre ou surpeuplé). Ces lieux de vie indignes et souvent précaires favorisent les problèmes de santé à cause de moisissures par exemple, ou du plomb, ainsi que la propagation des maladies infectieuses. Mais en plus, ce que nous rapporte Santé publique France, c’est que les effets de la mauvaise qualité du logement sont scientifiquement démontrés sur la santé mentale, favorisant l’anxiété, la dépression et l’agressivité.
Tout d’abord, l’habitat a joué sur la dynamique de l’épidémie avec des transmissions plus nombreuses, là où il y avait une densité importante de population et une sur-occupation des logements. Et puis, il y a cette mise en lumière des fractures sociales et l’importance du cadre de vie dans le bien-être individuel et collectif. Les restrictions de circulation, et donc d’espace de vie, ont généré et amplifié les difficultés à concilier vies familiale et professionnelle, les tensions existantes, et puis plus grave, les situations de violence.
L’accès au logement est un marqueur social ; habiter un lieu dégradé conduit à un processus d’exclusion et parfois de discrimination. Ce sont des difficultés supplémentaires pour être soigné, suivre des études, trouver un emploi. Le Docteur Jean-Pierre Falret, en vrai précurseur, exhortait ses contemporains à créer une société plus accueillante en donnant aux plus démunis un toit, un emploi et la foi. Aujourd’hui, tous nos projets intègrent l’environnement comme un facteur de reconstruction pour les personnes en situation de fragilité.
En 1841, il y a près de deux siècles ! Un mot encore pour montrer à quel point le logement témoigne de la considération et de la place que l’on accorde à chaque individu. Comment il influe sur des vies. Il existe le projet national Un chez soi d’abord. Il renverse les logiques d’accompagnement habituelles. Et ce, avec succès. C’est ainsi que les personnes en errance, à la rue, intègrent en premier un logement. Le logement n’est plus une finalité mais plutôt un préalable à l’entrée dans un parcours social et médical.
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