L'enseignement catholique de l'Isère se forme à la gestion de conflits

La gestion de conflits n'est pas innée

 

"On ne nous apprend pas à régler les conflits" déplore Lysiane Mottiaux, la formatrice, qui a fait le déplacement depuis l'Université de Paix à Namur, en Belgique. Si être à l'écoute de l'autre, de ses besoins, de ses émotions n'est, en effet ,pas toujours évident, c'est encore moins le cas quand le conflit nous oppose à un enfant.

Ici, le but est de donner aux enseignants des clefs qu'ils pourront réutiliser dans des situations de crise. Ils apprennent quatre rouages majeurs : le vivre-ensemble, le comprendre, le communiqué et l'agir. Le but, instaurer un dialogue qui permettra de déboucher sur une solution commune et de régler la difficulté sur le long terme.

En France, les écoles ne sont pas nombreuses à faire le choix de cette formation, mais, en Belgique, des dizaines d'établissements ont déjà passé le pas et récoltent les fruits de ce travail commun. Après 10 séances dans les classes, les enseignants sont totalement formés et 70 % des enfants savent utiliser le SIREP, une méthode de gestion de conflits pensée pour les plus jeunes.

 

Les enseignants, demandeurs de formation

 

Dans la salle ce jour-là, une trentaine d'enseignants et chefs d'établissements. Prêts à apprendre, se remettre en question, ils l'avouent, ils se sentent un peu bousculés par cette session. Malgré tout, pour Marie, professeure des écoles, ce temps est précieux : "Dans notre métier nous n'avons pas toujours le temps d'accéder à ces informations théoriques, on repart avec des vraies billes qui vont nous permettre de travailler avec nos élèves" explique-t-elle. 

Même ressenti du côté de Clément, enseignant également, lorsqu'arrive l'exerce de reformulation d'une remarque, d'une critique. "Quand un élève a des mauvaises notes, on va lui dire "Cela fait longtemps que tu as des mauvaises notes, comment ça se fait ?" Alors qu'on n'attend pas de réponse, c'est une critique presque gratuite et c'est hyper blessant" concède-t-il.

Mais grâce aux exercices, il imagine déjà reformuler sa remarque "J'ai observé que ça plusieurs évaluations que tes notes ne sont pas correctes, ça me pose question, est ce qu'on pourrait trouver une solution ?".

La nuance parait minime, mais implique l'élève, installe un climat de confiance, d'écoute et sans jugement : le conflit est évité. 

Si cette méthode n'est pas la réponse à tout, "on ne pas tout gérer, être responsable de tout" rappelle Lysiane Mottiaux, elle permet de l'aveu général de faciliter moralement le quotidien des élèves comme des enseignants.